Les états généraux sur la souveraineté devraient porter sur l'indépendance du Québec, et non sur les nombreuses dissensions qui déchirent la famille souverainiste. Voilà la première condition qu'a posée lundi le Nouveau Mouvement pour le Québec (NMQ) en vue de la réussite de cet exercice.

«La nuance est de taille», a déclaré l'instigateur du NMQ, Jocelyn Desjardins, lors d'une conférence de presse à Montréal. «La première nous conditionne à nous unir derrière un projet commun: l'indépendance. La seconde nous incite à étaler nos divisions. Commençons plutôt à discuter de ce que nous sommes capables de faire naître et de construire.»

Il y a une semaine, la chef du Parti québécois (PQ), Pauline Marois, a annoncé qu'elle avait confié au Conseil de la souveraineté du Québec le mandat d'organiser des états généraux sur le projet de souveraineté. Elle a toutefois été catégorique: son parti ne fera aucune concession concernant sa nouvelle stratégie référendaire, la «gouvernance souverainiste». Cette approche, adoptée en avril lors du dernier congrès du PQ, vise à rapatrier des pouvoirs d'Ottawa en attendant un référendum sur la souveraineté «au moment jugé approprié par le gouvernement».

Cette nouvelle stratégie ne fait toutefois pas l'unanimité dans la grande famille souverainiste. Elle a d'ailleurs mené la députée Lisette Lapointe à quitter les rangs du parti en juin dernier. Le Nouveau Mouvement pour le Québec a récemment été créé par d'anciens péquistes, notamment pour s'opposer au plan de gouvernance souverainiste.

«Réussir» la tenue des états généraux

Après avoir vivement dénoncé l'inflexibilité de Mme Marois sur la gouvernance souverainiste la semaine dernière, le NMQ est revenu à la charge lundi matin. Par la voix de son porte-parole, Jocelyn Dupuis, il a proposé cinq conditions pour «réussir» les états généraux.

En plus d'éviter de parler des crises qui ont secoué le mouvement souverainiste dans les derniers mois, le NMQ souhaite que les états généraux soient ouverts à tous les citoyens, groupes, militants et organisations politiques, sans exception. Ils ne doivent, par ailleurs, évacuer aucune question qui touche l'idée de l'indépendance du Québec.

Le Conseil de la souveraineté du Québec, qui est responsable d'organiser les états généraux, est un organisme à but non lucratif qui vise à faire la promotion du projet d'indépendance. Il est présidé par l'ex-syndicaliste Gérald Larose. Ce dernier n'a pas confirmé s'il serait à la tête des états généraux. Le NMQ n'y voit aucun problème, mais il souhaite qu'il y ait deux présidents.

«Le projet d'indépendance n'est pas l'affaire d'une seule génération. Il n'appartient ni aux baby-boomers ni aux jeunes, mais à tous les Québécois. Il apparaît logique de s'assurer que l'un des deux présidents choisis représente ceux qui ont porté le projet d'indépendance jusqu'à maintenant et que l'autre appartienne à la génération qui aura la tâche de le mener à terme dans les années à venir», a affirmé M. Desjardins.

Gérald Larose n'a pas voulu réagir aux conditions posées par le NMQ. «Je suis à l'écoute de toutes les organisations. Je serai disponible pour faire des commentaires quand le conseil d'administration (du Conseil de la souveraineté) aura complété sa réflexion. Il tiendra sa séance le 9 septembre prochain», a-t-il précisé dans un bref courriel.

Le NMQ aimerait enfin que le modèle organisationnel de la rencontre s'inspire des États généraux du Canada français, qui se sont déroulés de 1966 à 1969. Ces rencontres ont été très importantes dans le développement du sentiment d'identité nationale. C'est d'ailleurs lors de la rencontre de 1967, qui avait eu lieu à la Place des Arts, que les délégués ont adopté une résolution sur le droit à l'autodétermination des Canadiens-français et défini le Québec comme territoire national du Canada français.

Il n'a pas été possible d'obtenir la réaction du PQ et de sa chef, Pauline Marois, à propos des conditions posées par le NMQ. Deux porte-parole du PQ n'ont pas rappelé La Presse, lundi.