L'hypothèse d'un mariage entre l'ADQ et François Legault circule beaucoup, mais il semble que l'ex-ministre péquiste hésite avant de poursuivre la drague.

Selon une source haut placée dans la Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ), M. Legault juge que le chef de l'Action démocratique du Québec (ADQ), Gérard Deltell, est «trop fédéraliste».

La CAQ vise à rassembler des souverainistes et des fédéralistes qui mettent entre parenthèses le débat sur l'indépendance. Cette coalition se veut toutefois nationaliste, entre autres par sa défense du français et sa volonté de créer une économie de propriétaires.

Or, M. Deltell serait trop peu nationaliste aux yeux de M. Legault. Et il serait trop proche des conservateurs.

L'automne dernier, au premier rassemblement du Réseau-Liberté Québec, M. Deltell avait dénoncé le nationalisme traditionnel. Il défendait plutôt une vision particulière du «nationalisme économique». Il ne suggère pas que l'État protège ses entreprises. Il veut avant tout stimuler la création de richesses pour que Québec ne reçoive plus de péréquation - «une honte», selon lui. Le conservateur Maxime Bernier avait tenu un propos semblable à la même occasion.

M. Legault «n'exclut pas» de recourir à la clause dérogatoire pour interdire les écoles passerelles. Gérard Deltell s'oppose à cette mesure coercitive. Il propose plutôt d'améliorer l'enseignement du français tout en favorisant l'apprentissage de l'anglais, qui serait «langue de développement du XXIe siècle».

M. Deltell militait activement pour les conservateurs dans les années 80. Il se qualifie lui-même de «vieux bleu». Il bout toutefois quand on lui dit que l'ADQ serait devenue moins nationaliste sous sa direction. «Je n'ai pas de leçon de nationalisme à recevoir! Travailler comme député pour défendre la nation québécoise, c'est ça, être un vrai nationaliste», a-t-il lancé à La Presse l'année dernière.

D'autres rapprochements idéologiques semblent plus naturels. Le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, Gaétan Barrette, est particulièrement intéressé par la CAQ, indique-t-on dans l'entourage de M. Legault. Les pourparlers officiels n'ont toutefois pas encore commencé.

Pas d'appétit pour le nom ADQ

La CAQ mènera sa tournée de consultations régionales en septembre et octobre. La formation d'un nouveau parti politique viendrait après. Car l'option de se rallier sous la bannière de l'ADQ n'est pas considérée sérieusement. «On n'a pas un grand appétit pour ce nom-là», avoue le porte-parole de la CAQ, Jean-François del Torchio. La CAQ veut «incarner le changement», ajoute-t-il. Le nom ADQ est plutôt associé à un parti politique qui existe depuis 17 ans.

La garde rapprochée de François Legault se dit aussi surprise de l'ouverture manifestée cette semaine par l'ADQ en marge de son caucus de présession. Gérard Deltell et ses trois députés ne voulaient pas commenter les rumeurs d'alliance avec M. Legault. Mais pressés de questions par les journalistes, ils ont manifesté une ouverture. Ils accepteraient de se présenter sous un nouveau parti avec François Legault. «Un nom, ce n'est rien. Oui, il y a un branding, mais ce sont les idées qui importent», a avoué la leader parlementaire, Sylvie Roy. Elle s'est néanmoins dite «attachée» au nom de son parti.

Le financement et la dette

L'ADQ a mis de côté 63 521$ en 2010. L'année dernière, elle a réussi à sortir de sa marge de crédit. Mais elle traîne encore une dette de 581 528$. Elle compte environ 12 000 membres. Son président, Christian Lévesque, n'était pas disponible hier pour une entrevue.

De son côté, la CAQ a organisé une autre activité de financement le 21 août au quai de l'Horloge, dans le Vieux-Montréal. Environ 400 personnes ont acheté un billet à 250$. Ils étaient environ 60 à participer à une activité selon la même formule la semaine suivante, à Gatineau. D'autres activités similaires suivront cet automne.