Si le nom ADQ n'apparaissait pas sur les bulletins de vote aux prochaines élections, ce ne serait pas un drame, croit Sylvie Roy, leader parlementaire du parti.



«Un nom, ce n'est rien. Oui, il y a un branding, mais ce sont les idées qui importent.» Elle se dit néanmoins «attachée» au nom de son parti.

Son collègue François Bonnardel semble moins chaud à l'idée. «C'est un bon branding, estime-t-il. On ne pense pas à l'Association des dentistes du Québec quant on dit ADQ. On pense à la formation politique.» Mais il ne ferme pas la porte. «Je pense que c'est important que ce nom soit aux prochaines élections, mais on verra ce qu'il en sera», indique-t-il.

Préparer l'alliance avec Legault

Alors que l'ADQ termine aujourd'hui son caucus de pré-session à Montréal, il devient de plus en plus clair que François Legault transformera sa Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ) en parti politique. Et les quatre députés adéquistes multiplient les gestes d'ouverture pour faciliter une prochaine fusion.

En mai dernier, La Presse rapportait déjà que les entourages de MM. Legault et Deltell, le chef de l'ADQ, se parlent déjà. Mme Roy dit que «les négociations n'ont pas encore commencé». «On va discuter avant de voir si on est capable de vivre ensemble», annonce-t-elle.

Bien sûr, Mme Roy répète qu'elle ne «vendra pas son âme», et M. Bonnardel ajoute qu'il ne «rentrera pas à genoux» dans une coalition. Mais quand on pose des questions précises, on constate que l'ADQ prépare déjà le terrain.

Hier, Gérard Deltell était incapable de nommer une seule position de la CAQ qu'il rejetait d'emblée. Sylvie Roy joue aussi la carte de l'ouverture. Elle refuse de poser ses conditions et nommer ce qui serait «non négociable» pour son parti.

La principale différence entre l'ADQ et la CAQ se trouve en santé. Seule l'ADQ veut accorder une place plus importante en santé. L'ADQ accepterait-elle d'abandonner cette position pour se rallier à François Legault? «C'est difficile de mettre des priorités en ordre», répond Mme Roy. Elle annonce qu'une réflexion devra être faite à partir du document final de la CAQ, qui sera dévoilé après la tournée de consultations régionales cet automne.

Mais mieux vaut faire des concessions pour obtenir le pouvoir et adopter une partie de son programme, croit-elle. «Si on réussit à faire passer le deux tiers de nos idées, on aura fait avancer le Québec».

Elle laisse entendre que la position de l'ADQ en santé pourrait être adoucie. «Le privé en santé, ça peut être beaucoup de choses.» Elle explique qu'il y a la pratique mixte - permettre aux médecins de travailler à la fois dans le privé et le public -, mais il y a aussi le rôle des cliniques privées et la contribution du privé au sein des hôpitaux.

L'ADQ devait organiser son congrès annuel en octobre. Le thème était la santé. Il a été reporté au début de l'année prochaine. La raison officielle: ce serait pour y parler aussi de transport, un sujet sur lequel l'ADQ n'aurait pas finalisé ses positions. Le congrès se déroulera donc après la fin de la tournée de consultations de M. Legault.

Dépassé, le débat gauche-droite

Après avoir abandonné certaines de leurs idées plus à droite à leur dernier congrès, les adéquistes refusent maintenant de parler de droite ou de gauche. «Le débat de la gauche et de la droite, je ne suis pas là. Regardez (la région) de Québec qui était supposément très à droite, très conservatrice. Du jour au lendemain, elle serait devenue à gauche avec le NPD? Je ne le crois pas. Les gens veulent du changement, ils veulent de la nouveauté, et c'est ce qu'on leur propose», dit M. Bonnardel.