Le président du Parti québécois dans Montréal-Centre, Atim Leon, a démissionné de ses fonctions, lui qui avait critiqué ouvertement l'entourage de la chef Pauline Marois en juin.

Ce départ survient alors que les députés du PQ se réunissent en caucus mercredi et jeudi, à Saguenay, afin de discuter entre autres de moyens pour sortir le parti de la crise. Cette rencontre est déterminante pour le leadership de Mme Marois.

Dans sa lettre de démission, M. Leon affirme qu'il quitte son poste pour des raisons  «d'abord» personnelles. «Ce n'est pas parce que je suis critique vis-à-vis de certaines décisions de la direction du Parti que je laisse mon poste à une autre personne,  explique-t-il. Au contraire, si ma situation personnelle me le permettait, je resterais à mon poste justement pour mener les débats qui, je le pense profondément, doivent être fait au sein du PQ.»

«Mon départ sera interprété en fonction des circonstances difficiles que traverse le Parti Québécois aujourd'hui, dit-il. Mais permettez-moi, malgré tout, de faire appel à votre générosité en vous soumettant que mes motifs sont d'abord personnels».

Il dit avoir accepté la présidence de Montréal-Centre - qui regroupe 14 associations de circonscription - pour «contribuer à la réussite du congrès» d'avril et sans avoir donné de garanties sur la poursuite son mandat. Il veut maintenant consacrer plus de temps à sa famille. Et il mène une vie professionnelle «assez intense» à la FTQ qui lui permet difficilement de «faire face aux multiples sollicitations de mon mandat d'officier du parti».

«Cette situation intenable ne pouvait pas continuer et, surtout, dans un contexte où nos efforts doivent redoubler, où les débats à l'interne du parti vont s'intensifier. Voyant venir un automne riche en activités, j'ai compris que la quadrature du cercle ne serait pas possible dans mon agenda, alors j'ai pris la décision de céder ma place à une personne qui aurait le temps et l'entrain nécessaires pour la période qui commence.»

M. Leon, 37 ans, quitte également la vice-présidence de l'association péquiste de Laurier-Dorion. Il conserve toutefois sa carte de membre. «Je demeure militant parce que, même si je suis en désaccord avec certaines décisions prises par la direction actuelle, ce parti m'appartient et vous appartient autant qu'aux personnes qui en sont les fiduciaires à l'Assemblée nationale, en tant qu'élus, ou au sein de ses bureaux, en tant qu'employés. Partir, ce serait renoncer à ma responsabilité de militant indépendantiste et ce serait admettre à tort que l'on peut faire du Parti Québécois ce que l'on veut sans devoir affronter le sain garde-fou critique de ses membres.»

Il trouve «extrêmement encourageantes» les propositions du député de Marie-Victorin, Bernard Drainville, en particulier le référendum d'initiative populaire et une réforme du mode de scrutin.

En juin, après la démission de quatre députés, Atim Leon avait dénoncé des «dysfonctionnements dans la direction» du PQ.  En entrevue à La Presse, il demandait à Mme Marois de «réfléchir sérieusement» à congédier sa directrice de cabinet, Nicole Stafford. «Sans connaître Mme Stafford personnellement, sans avoir affaire à elle comme les députés, je sens qu'il y a un problème. Il faudrait être sourd pour ne pas entendre que, depuis plusieurs années, on en parle», disait-il. Il ajoutait que le départ de Nicole Stafford «pourrait améliorer la situation» au PQ. Mme Stafford, amie de longue date de Mme Marois, n'a pas été touchée par les récents mouvements de personnel dans l'entourage de la chef.

Dans une longue annexe à sa lettre de démission, monsieur Leon estime que le PQ «est en train de foncer dans un mur électoral historqiue». Il souligne ensuite une «rumeur lancinante qui voue Mme Marois à la défaite électorale. En bref, on dit «"Elle ne passe pas".»