L'«assemblée citoyenne» organisée par Pauline Marois mardi ressemblait davantage à un congrès péquiste. La chef du Parti québécois a pu y trouver du réconfort, elle qui est au coeur d'une tempête depuis juin.

Quelque 150 personnes, dont de nombreux militants du PQ, ont pris part à cette première assemblée de Mme Marois, au Centre d'histoire de l'industrie papetière de Trois-Rivières. La Presse a fait un tour de la salle et a rencontré seulement deux personnes non membres du PQ. Plusieurs péquistes ont confirmé avoir reçu une invitation du parti par courriel. Ils se sont déplacés pour démontrer leur appui à Pauline Marois en ces temps difficiles. Les députés Noella Champagne, André Villeneuve et Claude Pinard étaient présents. La chef a donc prêché à des convertis.

À la fin de la soirée, elle a nié que cet exercice se soit avéré sans risque. «Ces exercices où on se retrouve sans filet devant un groupe qu'on a invité, mais qu'on n'a pas sélectionné, ça reste toujours risqué», a-t-elle répondu aux journalistes.

Après avoir survolé son programme, Pauline Marois a donné la parole aux participants. Aucune intervention ne l'a mise dans l'embarras. Bien au contraire. Elle a eu droit à des éloges, en particulier de la part du directeur général de la Société Saint-Jean-Baptiste de la Mauricie, Guy Rousseau. «Ne vous laissez pas distraire par ceux qui discréditent le mouvement souverainiste. Ils ont peur de vous, et ils ont raison. Vous êtes la personne toute désignée pour défendre les intérêts du Québec», a-t-il lancé. Son intervention fut chaudement applaudie. «Je constate qu'il y a plusieurs personnes convaincues et militantes», a reconnu Mme Marois.

Elle a également eu droit à des applaudissements nourris lors de ses envolées sur la souveraineté. «Je suis prête à accueillir les pressés et les pas pressés. On doit tous travailler dans la même direction», a-t-elle lancé, faisant allusion au Nouveau Mouvement pour le Québec.

Un participant, André Beaudoin, a affirmé que la division au sein du mouvement souverainiste nuit à la cause. «Peut-on, entre nous, faire en sorte que cette problématique soit levée?», a-t-il demandé. «Plus on sera unis, plus on réussira», a rétorqué Mme Marois, qui a été aussitôt ovationnée.

Un souverainiste de la première heure a fait un plaidoyer pour une élection référendaire. Mme Marois a insisté sur la tenue d'un référendum. «Lorsque la population québécoise choisira sa destinée, il faut que ce soit dégagé des autres enjeux qu'on retrouve lors d'une élection», a-t-elle affirmé. La salle a approuvé sa réponse une fois de plus.

L'ex-député du Bloc québécois, Jean-Yves Laforest, a plaidé pour la tenue d'une enquête publique sur la construction et une hausse des redevances sur les ressources naturelles, deux engagements du PQ que Mme Marois n'a pas manqué de faire mousser.

Un participant a déploré que le PQ s'oppose à la réfection de la centrale nucléaire Gentilly-2, alors qu'un autre a appuyé la position de Mme Marois sur ce sujet.

Jean-Guy Mercier, député du PQ de 1976 à 1981, a pris la parole, lui qui avait également participé à l'assemblée du Nouveau Mouvement pour le Québec dimanche. Selon lui, certaines positions du PQ éloignent des électeurs conservateurs. Il avait été candidat pour l'Alliance canadienne en 2000, puis pour le Parti conservateur de Stephen Harper en 2004.

La prochaine «assemblée citoyenne» de Mme Marois aura lieu à La Baie, le 1er septembre, en marge d'une réunion du caucus péquiste.

Plus tôt dans la journée, au cours d'entrevues radiophoniques au 98,5 et à Radio-Canada, Pauline Marois a prévenu que les dissidents n'auraient pas sa tête. «Je suis là pour rester. Ils ne m'auront pas à l'usure», a-t-elle assuré. Elle reconnaît que la crise «envoie un message très négatif à la population. Les gens se disent: "Ce parti-là se chicane"». Il faut arrêter de «se tirer dans le pied» et «tirer dans la même direction». «On n'a pas le choix de se ressaisir», a-t-elle ajouté.

Alors que les sondages lui sont défavorables, elle s'est interrogée, avec une pointe d'humour, sur les moyens à prendre pour «pogner» dans la population. «Je ne sais pas ce que je peux faire pour pogner. J'ai dit à mes collègues - et je ne devrais pas dire ça à la radio - que je ne peux pas faire de striptease, je suis trop vieille. Mais j'ai des idées claires de ce qu'on peut faire au Québec», a-t-elle affirmé.