Bernard Landry «regarde avec intérêt» la naissance du Nouveau Mouvement pour le Québec (NMQ). Certes, le groupe a utilisé un «vocabulaire un peu dur» à l'égard du Parti québécois dans son manifeste. Mais «si ça provoque des ajustements qui relancent l'indépendance, c'est parfait», a-t-il lancé en entrevue à La Presse, mercredi.

L'ancien chef péquiste estime que le NMQ «pourrait être utile à la cause souverainiste». «Qu'il y ait de la réflexion et de la discussion, je vois ça d'un bon oeil», a-t-il dit.

Dans son manifeste, le NMQ a affirmé que le PQ est «usé» et «confus dans ses interventions», une attaque qui a piqué au vif la chef Pauline Marois. Le nombre de signataires du document est passé de 77, mardi matin, à 300, hier après-midi.

Selon Bernard Landry, «le mouvement n'est pas monté contre le Parti québécois, il est monté pour l'indépendance. Si le mouvement pouvait amener le Parti québécois à réfléchir, ce serait bénéfique pour tout le monde».

«Je regarde ça avec intérêt. Parce que c'est dans ces recherches et ces discussions que, peut-être, on va trouver des solutions pour relancer le mouvement», a-t-il ajouté. Il dit toutefois regretter «la désorganisation dans le mouvement souverainiste».

Bernard Landry ne se rendra pas à l'assemblée du NMQ dimanche. Les organisateurs de l'événement disent recevoir tant d'appuis qu'ils ont décidé de louer une salle plus grande au cégep Saint-Laurent. Cette salle peut accueillir 500 personnes. Au départ, ils avaient réservé un local pour 180.

Tiraillements au Parti québécois

Des débats agitent le PQ au sujet de sa conduite à l'égard de la création du NMQ et de son assemblée. La Presse a révélé hier que des députés péquistes envisagent de se rendre à l'assemblée à titre d'observateurs. L'attaché de presse de l'aile parlementaire du PQ, Éric Gamache, a fait savoir que «pour le moment, il n'y a pas d'indication que des députés vont y aller». Il a ajouté que Véronique Hivon ne pourra pas s'y rendre. Sylvain Gaudreault avait dit la veille que sa collègue de Joliette et d'autres députés projetaient de «faire un tour» au cégep Saint-Laurent.

Le député de Jonquière - qui ne peut assister à l'assemblée - avait lui-même parlé à Mme Hivon peu de temps avant de s'entretenir avec La Presse.

Les présidents de Québec se rallient

Pauline Marois n'a donné aucun mot d'ordre aux députés au sujet de l'assemblée du NMQ, a indiqué son attachée de presse, Marie Barrette. «Les députés sont libres d'y aller. C'est à leur discrétion.»

Pauline Marois a pu souffler un peu hier soir, à l'issue d'une réunion des présidents des 11 circonscriptions de la région de Québec. Une résolution présentée par l'association de Vanier, très critique à son endroit, a été écartée.

Elle dénonçait «la façon dont la chef a géré le dossier du projet de loi 204» sur l'amphithéâtre de Québec et exprimait une «profonde inquiétude quant à la capacité [de Mme Marois] à refaire l'unité du caucus et du parti».

La résolution a fait l'objet de discussions, mais elle n'a même pas été soumise au vote. «Cette résolution-là est terminée», a affirmé le président dans Vanier, Claude Beauchamp. «Je dois vous dire que ce soir, je suis nettement plus encouragé par rapport à la capacité de Mme Marois à rétablir la confiance des Québécois à son égard [...]. On a bon espoir que des actions seront prises», a-t-il ajouté.

Le président du PQ pour la région de Québec est Pierre-Paul René, qui est également à la tête de l'association de Charlevoix, la circonscription de Pauline Marois.

«On a décidé ensemble de continuer à travailler, d'être positifs, de dire à Mme Marois qu'on est toujours solidaires d'elle. C'est la meilleure personne pour amener le Parti québécois à la victoire», a-t-il dit.

Bernard Landry se dit courtisé par des députés bloquistes, actuels et anciens, afin de succéder à Gilles Duceppe à la tête du parti. Mais il a décliné les invitations. En entrevue à La Presse hier, il a affirmé ne pas avoir d'intérêt pour le poste. «Je pense que je peux mieux servir l'indépendance d'une autre façon, comme militant», a-t-il affirmé.