Pauline Marois n'est pas au bout de ses peines. Un groupe de souverainistes déçus de la chef péquiste, appuyés par des députés démissionnaires du PQ, vient de créer un nouveau «mouvement politique voué à la réalisation de l'indépendance nationale».

Une «assemblée politique» aura lieu le 21 août, à Montréal. Pierre Curzi, Lisette Lapointe et Jean-Martin Aussant y seront. Louise Beaudoin, qui a également claqué la porte du PQ en juin, a décliné l'invitation en raison d'un empêchement. Contrairement aux trois autres, elle n'a pas encore donné d'appui clair au mouvement.

L'instigateur de ce « mouvement indépendantiste » est Jocelyn Desjardins, ex-péquiste. Le 2 juillet, il a réuni environ 30 personnes, dont François Parenteau, des Zapartistes, Daniel Breton, président de Maîtres chez nous 21e siècle et ancien candidat du NPD, et Luc Lefebvre, porte-parole de QuébecLeaks. Le mouvement compte un nombre croissant de membres, mais Jocelyn Desjardins n'a pas voulu en dire davantage.

Jusqu'au congrès du PQ d'avril dernier, M.Desjardins, 41 ans, était membre du bureau de direction du parti dans Crémazie, la circonscription de Lisette Lapointe. Il assure que son initiative est « indépendante », qu'elle n'est pas téléguidée par la députée ni par Hadrien Parizeau, petit-fils de l'ancien premier ministre et président de l'association de Crémazie. Il les a toutefois invités durant l'été à se joindre au mouvement, comme il l'a fait pour Pierre Curzi, Jean-Martin Aussant et très récemment Louise Beaudoin.

Jocelyn Desjardins a déchiré sa carte de membre du PQ sur le parquet du congrès d'avril. «Je n'ai jamais acheté la gouvernance souverainiste de Pauline Marois, a-t-il lancé lorsque La Presse l'a joint, hier. C'est une forme d'autonomisme.»

Sur sa page Facebook, il avait commenté en termes crus le vote de confiance de 93% obtenu par Pauline Marois « Il ne reflète pas la réalité des membres, mais seulement le fait qu'on a des crisses de bons organisateurs au parti. » Jocelyn Desjardins a déjà été journaliste à Radio-Canada et directeur des communications de Greenpeace Québec. En 2009, il a coécrit Manifestement vert. Ce père de cinq enfants est directeur des communications du Conseil québécois du commerce de détail. «Je ne vais pas diriger le mouvement », a-t-il précisé.

Le Nouveau Mouvement pour le Québec, c'est son nom pour le moment, a publié un premier texte, une invitation à l'assemblée du 21 août, sur son site www.unnouveaumouvement.org. Le titre, Brisons l'impasse, donne le ton «Les résultats des dernières élections fédérales, des députés qui quittent le Parti québécois, la création de la coalition de François Legault et l'interrogation de la part de plusieurs sur l'avenir politique du Québec témoignent du fait que nous sommes devant un moment qui pourrait marquer les prochaines années politiques au Québec. Il nous apparaît clair que les Québécois veulent du changement, mais que personne, à l'heure actuelle, n'offre de véritablement progresser.»

Selon ce groupe, «tout s'ouvre», «tout d'un coup», pour la naissance d'un nouveau mouvement indépendantiste. «Les Québécois se remettent au travail. Ici, ils veulent créer un groupe de réflexion, là un mouvement, ailleurs un parti. Dispersés, mais actifs, ils partagent un même souci redonner une voix forte aux indépendantistes et les regrouper».

«Ce qu'il faut faire réapparaître, c'est un mouvement indépendantiste en tant que mouvement social. C'est l'idée de remplacer la peur par la confiance. Désormais, c'est la "volonté du peuple" qui doit s'exprimer.» Il faut rendre le projet indépendantiste « plus audacieux que maintenant» et «l'adapter au Québec moderne».

Le Nouveau Mouvement veut également «mieux baliser le jeu politique et parlementaire, le mode de scrutin, la ligne de parti, le mode de déclenchement des élections». Il souhaite «rompre avec la dépendance énergétique, lutter contre la corruption et battre en brèche la ligne de parti».

Daniella Johnson fait partie du mouvement et participe à l'organisation de l'assemblée du 21août. Elle était l'une des 50 jeunes péquistes qui, dans une lettre ouverte publiée l'automne dernier, avaient condamné la «gouvernance souverainiste» de Pauline Marois. Aux élections de 2008, elle avait joué «l'agneau sacrifié»  ce sont ses termes à titre de candidate du PQ dans Westmount, un bastion libéral. Selon elle, le Nouveau Mouvement n'est «pas une fronde envers Mme Marois», mais elle assure que «ça va brasser les cartes».