Québec et les Inuits tournent la page sur un vieux contentieux portant sur l'abattage massif de chiens de traîneau au Nunavik dans les années 1950 et 1960.

Le premier ministre Jean Charest et le ministre responsable des Affaires autochtones, Geoffrey Kelley, se sont rendus à Kangiqsualujjuaq dans le Grand Nord, lundi, où ils ont signé une entente à cet effet avec le président de la Société Makivik, Pita Aatami.

L'entente «reconnaît l'effet qu'ont eu les événements historiques entourant l'abattage de chiens de traîneau sur la société inuite» et son mode de vie, indique le communiqué transmis par le bureau du premier ministre Jean Charest.

Le règlement de ce dossier épineux donne suite au rapport du juge Jean-Jacques Croteau remis en 2010 alors que les Inuits ont attiré l'attention du gouvernement à ce sujet la première fois en 2003, a indiqué M. Kelley, en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne, lundi soir.

Le magistrat avait été mandaté par Québec et la Société Makivik pour étudier les événements entourant l'abattage par les forces de l'ordre de centaines de chiens au Nunavik dans les années 1950 et 1960.

À cette époque, le gouvernement fédéral a décidé que tous les enfants inuits devaient aller à l'école et une partie de cette population a été déplacée dans des villages.

«C'est à ce moment que l'on a procédé à la diminution du nombre de chiens dans les villages, peut-être pour des raisons de santé publique», a expliqué le ministre, ajoutant que cette histoire est née dans la «mauvaise compréhension et les difficultés de communication».

«On n'a pas trop compris l'importance des chiens et peut-être la population inuite n'a pas bien compris les préoccupations de santé publique exprimées par les dirigeants de l'époque», a soutenu M. Kelley.

«C'était vraiment perçu comme une attaque contre la culture et les façons de faire de la population inuite», a ajouté le ministre.

La reconnaissance officielle des faits par le gouvernement du Québec était l'une des recommandations du rapport du juge Croteau.

«Le gouvernement du Québec reconnaît que la société inuite a subi les effets de l'abattage des chiens de traîneau. Nous souhaitons que cette entente signée aujourd'hui démontre la volonté du Québec de vouloir travailler main dans la main avec les Inuits», a déclaré M. Charest dans le communiqué.

Plan Nord

Cette entente survient au moment où le gouvernement fait la promotion de son Plan Nord qui a été lancé au mois de mai et qui vise à développer cette région du Québec. Le ministre Kelley rejette l'idée que l'accord servirait à acheter la paix avec les populations qui occupent le territoire visé, affirmant que les premiers pourparlers ont eu lieu bien avant le mégaprojet de Québec.

«Ce n'est pas vraiment lié, a-t-il soutenu. Mais je pense que le Plan Nord est un indice que le gouvernement du Québec et les dirigeants du Nunavik veulent travailler ensemble.»

«Ce qu'on vise dans l'entente qu'on a signée aujourd'hui c'est vraiment l'avenir. Comment on peut travailler ensemble pour bâtir l'avenir, pour renforcer la culture inuite qui fait partie de la richesse du Québec», a répété le ministre.

«Mais comme toute relation entre le gouvernement et une région ou un peuple, il y aura toujours des défi, a soutenu M. Kelley, citant en exemple les problèmes liés à l'offre des services sociaux ou aux logements. Mais aujourd'hui, on a fait un pas important en avant», a-t-il conclu.

Québec s'est aussi engagé à verser une somme de 3 millions $ à la Société Makivik, à même le budget du Secrétariat aux affaires autochtones, pour soutenir les Inuits dans la protection et la promotion de leurs traditions et de leur culture.

Une partie de cet argent irait à l'élevage de chiens de traineau désormais utilisés lors d'une course qui se tient annuellement dans la région, a expliqué le ministre.

L'entente constitue «une solution satisfaisante» au dossier, a pour sa part commenté M. Aatami, président de la Société Makivik.