Le ministre des Transports Sam Hamad doit s'interroger sur son avenir politique après s'être montré «débordé par la situation» dans la foulée de l'effondrement sur l'autoroute Ville-Marie, estime la chef de l'Opposition, Pauline Marois.

Sans aller jusqu'à réclamer la démission du ministre, la chef du Parti québécois croit que celui-ci doit y réfléchir.

«Quand le ministre ne fait pas sa job, peut-être que le ministre doit se poser la question», a-t-elle déclaré. Elle a aussi laissé entendre que «quand on ne fait pas la job, on doit accepter du changement».

Revenue de ses vacances il y a deux jours, Mme Marois a réagi pour la première fois vendredi matin à l'effondrement d'une poutre et de lourds paralumes survenu sur l'autoroute dimanche dernier. Selon elle, l'incident «dépasse les bornes» et le ministre des Transports fait du «déni de la réalité» à ce sujet.

«Comment le ministre peut-il déclarer que toutes les routes sont sécuritaires alors que le premier ministre lui-même dit que c'est un vrai miracle s'il n'y a eu personne de blessé ou de mort?» s'est-elle interrogée.

Mme Marois s'étonne des commentaires de Jean Charest, qui a déclaré cette semaine être satisfait de la gestion de la crise par Sam Hamad.

«M. Charest est le seul sur la planète Québec, dans la planète libérale, à penser que son ministre des Transports a bien fait ça jusqu'à maintenant», croit-elle.

En pointant du doigt les travaux de démolition qui avaient lieu sur l'autoroute comme une cause probable de l'accident, le ministre pourrait bien avoir contaminé lui-même l'enquête qu'il a confiée à deux professeurs de génie indépendants, craint-elle.

Pauline Marois est par ailleurs convaincue que le gouvernement libéral a sa part de responsabilité dans l'accident. «C'est le gouvernement qui a accordé le contrat à l'entrepreneur et à la firme de génie-conseil, c'est le gouvernement qui n'a pas daigné approuver les travaux et qui n'a pas surveillé le chantier alors qu'un rapport de 2008 jugeait l'état critique», a-t-elle déclaré.

Mme Marois a lancé une série de propositions au gouvernement. Elle l'incite à rendre tous les rapports d'inspection publics, de créer un comité permanent avec tous les paliers de gouvernement sur l'entretien des infrastructures routières et de déclencher une enquête publique sur l'industrie de la construction.

Elle croit aussi qu'il faut renforcer l'expertise du ministère des Transports en matière de génie civil. Au Québec, 90% des inspections réalisées par le ministère des Transports sont sous-traitées à des firmes de génie-conseil, qui ont souvent elles-mêmes construit l'ouvrage.

«C'est sûr que ça les met dans des situations de conflits. Je comprends qu'ils ont des codes d'éthique à respecter et je ne veux pas les accuser d'emblée de ne pas bien faire leur travail. Mais il reste que dans les États en général, il y a un très grand contrôle du gouvernement qui est donneur d'ouvrage, qui planifie les travaux et les inspecte ensuite. En Ontario, c'est 50% des inspections qui sont faites par le gouvernement, contre seulement 10% ici. Il y a une perte d'expertise», déplore-t-elle.

Jeudi, le ministre des Transports s'était à nouveau défendu en affirmant que huit mesures de «sécurisation» recommandées dans un rapport d'inspection rédigé en 2008 avaient été appliquées à cet endroit de l'autoroute Ville-Marie.