François Legault refuse de s'emballer malgré les sondages qui propulsent son mouvement en tête des intentions de vote des Québécois.



Si les électeurs semblent partager les constats de la Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ), ils n'ont pas encore pris la mesure du «remède de cheval» qui doit être administré pour redonner une santé à l'État, a expliqué M. Legault jeudi en entrevue à La Presse Canadienne.

«Il faut convaincre la population des remèdes requis pour changer les choses et sur ce plan, il reste encore beaucoup de travail à faire», a reconnu l'ancien ministre péquiste.

D'après le plus récent sondage CROP, réalisé entre le 15 et le 20 juin auprès de 1000 répondants sur Internet, l'ancien ministre péquiste remporterait les élections générales s'il transformait sa coalition en parti politique.

Une formation née de la fusion de la Coalition pour l'avenir du Québec avec l'Action démocratique du Québec (ADQ) récolterait 47 pour cent des intentions de vote, après répartition des indécis. Le Parti libéral (PLQ) obtiendrait 25 pour cent des appuis et le Parti québécois (PQ), 18 pour cent.

Le sondage avance même que sans fusion avec l'ADQ, l'hypothétique parti dirigé par François Legault serait en bonne position, avec 40 pour cent des intentions de vote.

«Il y a un déclin tranquille qui se manifeste au Québec. Il y a de plus en plus de symptômes comme l'état déplorable de nos infrastructures à Montréal et je pense que le sondage montre que notre diagnostic est partagé par une bonne partie de la population québécoise», a fait valoir M. Legault.

Le coup de sonde illustre le refus du statu quo, mais ne permet pas de conclure que la population est prête à accepter les solutions que propose la coalition, insiste l'ex-ténor du Parti québécois.

«Est-ce que les gens sont conscients qu'une négociation difficile doit se tenir avec les médecins de famille? Est-ce qu'ils sont conscients qu'il faut modifier l'approche de la Caisse de dépôt? Je ne pense pas et c'est là-dessus que l'on veut travailler dans les prochains mois», a-t-il soulevé.

Pour dégager une marge de manoeuvre à l'État et assainir les finances publiques, le mouvement Legault suggère des compressions qui ne risquent pas de passer comme une lettre à la poste.

Il propose de sabrer 600 millions $ chez Hydro-Québec, 280 millions $ dans les commissions scolaires, 250 millions $ dans les honoraires aux pharmaciens, 250 millions $ dans les contributions aux compagnies pharmaceutiques et 100 millions $ dans les agences de santé.

Avant d'applaudir les sondages, encore faut-il s'assurer que les Québécois comprennent bien les enjeux en présence, a dit M. Legault.

«Effectivement, c'est un peu un remède de cheval et je veux être bien convaincu que la population connaisse ce que l'on propose avant de me réjouir des sondages. Il faut prendre les sondages avec humilité et un certain recul», a-t-il souligné.

Quant à la possibilité de former un nouveau parti politique, M. Legault répète qu'il s'en tient pour l'instant au calendrier prévu par la coalition, soit le dépôt en septembre des propositions sur la culture, suivi d'une grande tournée des régions et de la présentation à la fin de l'année d'un plan d'action.

Jusqu'ici, la CAQ a présenté ses propositions en matière d'éducation, de santé et d'économie.

Au cours de l'été, M. Legault aura par ailleurs des entretiens avec le député indépendant Benoît Charette, qui a quitté le caucus péquiste plus tôt cette semaine.

À l'annonce de son départ, M. Charette n'a pas caché son intérêt pour la coalition, notamment en raison de la trêve qu'elle prône sur la question nationale.

M. Legault affirme d'autre part ne pas avoir eu de discussion avec le député péquiste de Bertrand, Claude Cousineau, qui a lui aussi manifesté ses sympathies pour les idées de la coalition.

Selon lui, les déboires du Parti québécois sont bien davantage attribuables au cul-de-sac dans lequel se trouve le projet souverainiste qu'au leadership de Pauline Marois.