Le ministère du Travail prend le taureau par les cornes en lançant, jeudi, des consultations sur la réglementation qui encadre l'industrie de la construction. Et la ministre Lise Thériault compte déposer une réforme dès l'automne.

Dans une entrevue accordée à La Presse Canadienne, la ministre du Travail s'est montrée catégorique: tout est sur la table et la réglementation qui encadre l'industrie de la construction doit et va changer.

«Toutes les questions sont sur la table. Nous avons mis en place des mesures pour être capables d'arrêter ceux qui violent nos lois. Est-ce qu'on va assez loin? Est-ce qu'on regarde d'autres choses? Au-delà des mesures législatives, ce qu'on fait avec ces consultations-là, c'est de s'attarder et regarder le fonctionnement pour le modifier et faire en sorte qu'on aille mieux», a résumé la ministre Thériault.

«Tout le monde s'entend pour dire qu'à la fin, il est évident qu'il n'y aura pas nécessairement de consensus, mais ce qui est important, c'est de moderniser les règles qui régissent le monde de la construction. Ça, tout le monde s'entend sur le fait que le statu quo ne tient plus. Il va y avoir des changements», a prévenu la ministre du Travail.

Même la délicate question du placement de la main-d'oeuvre, sur laquelle plusieurs se sont cassé les dents depuis des années, sera au menu.

C'est un groupe de cinq experts de la construction et des relations de travail qui procédera aux audiences pour entendre les intéressés, du 16 juin au 13 juillet.

Parmi ceux-ci, on retrouve l'ancien président de SNC-Lavalin, Jacques Lamarre, l'ancien secrétaire général de la CSN, Michel Gauthier, et le président du Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, Fernand Matteau.

Le groupe doit faire rapport à la ministre du Travail «d'ici la fin août», car la ministre Thériault souhaite déposer un projet de loi cet automne.

En plus du placement de la main-d'oeuvre, le groupe d'experts se penchera sur la juridiction des métiers de la construction, la reddition de comptes des syndicats et des associations patronales et même le régime de négociation des conventions collectives.

Le régime de qualification de la main-d'oeuvre, de même que la gouvernance de la Commission de la construction seront également au menu de la consultation.

En 2010, plus de 140 000 ouvriers ont travaillé dans le secteur de la construction au Québec, cumulant 144 millions d'heures, un record datant de 35 ans.

La question du placement de la main-d'oeuvre est un sujet on ne peut plus délicat dans le milieu de la construction. Un entrepreneur en construction peut embaucher lui-même ses travailleurs, contacter le système de référence de la Commission de la construction ou faire appel à un bureau de placement syndical qui lui fournira la main-d'oeuvre demandée. C'est le cas, notamment, lorsqu'un employeur obtient un contrat dans une autre région et doit y embaucher de la main-d'oeuvre locale.

Ce système de placement de la main-d'oeuvre a déjà été source de frictions. Plusieurs, dans le passé, ont proposé de le modifier. Mais la commission d'enquête sur la Gaspésia, en 2005, avait conclu qu'il était illusoire de penser abolir les bureaux de placement syndicaux, puisque la Commission de la construction ne dispose pas de toute l'information requise pour gérer efficacement un système de placement.