Les discussions entre le chef innu de Pessamit Raphaël Picard et le premier ministre Jean Charest au sujet du Plan Nord se poursuivront tout au long de la fin de semaine, a fait savoir le conseiller en communications des Innus, Éric Cardinal, vendredi soir.

Les pourparlers ont débuté vendredi après-midi en présence du ministre des Affaires autochtones, Geoffrey Kelley, et de la ministre responsable du Plan Nord, Nathalie Normandeau. Au terme de la rencontre, les Innus et le gouvernement ont convenu de poursuivre les discussions tout le week-end.

Le gouvernement Charest avait fait savoir jeudi qu'il prenait très au sérieux la menace que font peser les Innus de la Côte-Nord sur la mise en oeuvre du Plan Nord.

Les Innus de Pessamit (Betsiamites, près de Baie-Comeau) ont choisi d'entreprendre, jeudi, le blocage partiel de la route 138 entre Baie-Comeau et Forestville, dans le but d'avoir eux aussi leur mot à dire dans la réalisation du Plan Nord, si cher au premier ministre Jean Charest.

Mais ils veulent surtout profiter de l'intérêt pour le Nord manifesté par le gouvernement pour négocier la gestion de vastes territoires et revendiquer leurs droits ancestraux.

Le véritable enjeu est donc beaucoup plus vaste que le blocus de la route 138, puisque la liste de revendications des Innus est longue.

En matinée jeudi, le chef Picard avait déclaré à La Presse Canadienne qu'il boycotterait la rencontre si le premier ministre n'y assistait pas. Il exigeait aussi la présence de la direction d'Hydro-Québec.

Les Innus de Pessamit font partie des cinq communautés innues ayant choisi de prendre leurs distances du Plan Nord dès le début du processus de consultation.

Les Innus de la Côte-Nord craignent que le Plan Nord se traduise par une remise en question de leurs droits ancestraux sur le territoire. Ils revendiquent aussi les titres aborigènes sur ces territoires, ce qui pourrait entraîner, pour Québec, le versement de sommes astronomiques.

À plus court terme, ils contestent certains aspects des grands projets hydroélectriques en cours, dont l'installation d'un poste d'Hydro-Québec sur le site du mégachantier de La Romaine.

Jeudi, ils ont bloqué de façon intermittente la circulation sur la route 138, à l'aide de barricades pendant des intervalles de 30 minutes, aux deux extrémités du territoire qu'ils revendiquent.

Un blocus complet de la route est planifié les 14, 17 et 21 juin. La fin du blocus «dépend de la bonne volonté du gouvernement», a dit M. Picard.

Les conséquences pour l'économie locale pourraient se faire sentir rapidement car la 138 est le seul lien routier est-ouest de la région.

«La situation est préoccupante», a convenu le ministre Kelley, en point de presse, jeudi matin, en se montrant soucieux de «garder l'ordre public».

En Chambre, le ministre Kelley a dit que la seule issue était la signature d'une entente territoriale globale. Or, il a reproché aux Innus de Pessamit d'avoir à ce jour refusé systématiquement toutes les mains tendues et toutes les propositions de consultation. «Il y a une obligation pour la communauté (innue) aussi», a-t-il dit.

«Si on veut faire un débat sur les redevances. Si on veut faire un débat sur la gestion du territoire, le seul véhicule possible pour le faire, c'està l'intérieur d'une négociation territoriale globale», a-t-il précisé.