Le gouvernement Charest presse François Legault de dissiper le flou entourant le financement de son groupe de réflexion et de sauter dans l'arène politique.

S'il veut faire preuve de «fair-play», M. Legault doit constituer son parti le plus rapidement possible et se soumettre aux règles applicables à toutes les formations politiques en matière de financement, a lancé jeudi le ministre des Affaires intergouvernementales, Pierre Moreau.

«Lui qui veut faire de la politique de façon ouverte et transparente doit se soumettre aux règles auxquelles les autres partis sont astreints, notamment son financement», a sermonné le ministre libéral, exigeant de M. Legault qu'il dévoile «qui le finance».

La Coalition pour l'avenir du Québec que dirige M. Legault n'est pas un parti et échappe par le fait même aux restrictions imposées par la loi aux formations politiques.

Cette situation «entre deux chaises» irrite M. Moreau qui demande à l'ex-ministre péquiste de venir lutter à «armes égales» en fondant son parti.

«On dit à M. Legault: vous voulez jouer fair-play alors pliez-vous aux règles qui s'appliquent à l'ensemble des partis, soumettez-vous aux règles de financement qui ont été largement resserrées, soumettez-vous au code d'éthique et de déontologie, au commissaire au lobbyisme, en fait, à tous ceux qui interfèrent de près ou de loin avec les partis politiques reconnus», a-t-il fait valoir.

D'après des informations rapportées par le quotidien Le Devoir dans son édition de jeudi, M. Legault aurait bel et bien l'intention de créer un parti politique et même d'être candidat si des élections anticipées se tenaient aussi tôt qu'à l'automne.

Le ministre des Affaires intergouvernementales préfère ne pas spéculer sur la date du prochain scrutin, rappelant que la décision de déclencher ou non des élections appartient au seul premier ministre du Québec.

Jusqu'ici, la coalition menée par l'ancien ténor du Parti québécois a présenté ses propositions en matière d'éducation, de santé et d'économie.

En vertu de l'échéancier établi, le groupe présentera ses vues en matière de culture en septembre. Le tout doit se conclure avec le dépôt d'un plan d'action à la fin de l'année.

Pour M. Moreau, le leader de la Coalition pour l'avenir du Québec a beau jeu de soumettre ses idées en profitant des projecteurs braqués sur lui sur les lignes de côté.

La partie sera moins facile une fois qu'il aura mis sur pied son parti, a prédit le ministre.

«Il a fait deux sorties: une sur l'éducation et une sur la santé et ce qu'on sait, c'est que ça coûte 1,5 milliard de dollars de plus (aux contribuables). Alors, venez dans l'arène, faites vos propositions, soumettez-vous aux mêmes règles que les autres puis on verra ce que les gens vont décider», a-t-il insisté.

Pour l'heure, la coalition de M. Legault est financée par des dons limités à 1000 $ par personne, soit le même montant qu'autorise le Directeur général des élections (DGE).

Les contributions ne donnent cependant pas droit à des crédits d'impôt ou des déductions fiscales, contrairement aux dons versés en vertu de la loi qui encadre les dons aux partis politiques.