La chef péquiste, Pauline Marois, réclame la tête du ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier.

Elle estime qu'il n'est plus l'homme de la situation, depuis la libération, mardi, de 31 présumés Hells Angels, qui s'étaient retrouvés devant les tribunaux dans le cadre de l'opération SharQc.

Ce n'est pas la première fois que l'opposition péquiste réclame la démission d'un ministre. Le nom de M. Fournier s'ajoute donc à ceux des ex-ministres David Whissell (Travail), en raison de ses intérêts dans une entreprise d'asphaltage, et Tony Tomassi (Famille), accusé de favoritisme libéral dans l'attribution de places en garderie, ainsi que des ministres Norman McMillan (délégué aux Transports) et Julie Boulet (ex-ministre des Transports), soupçonnés d'avoir érigé un système de collusion dans l'octroi de contrats.

Vendredi, c'était au tour du procureur général et ministre de la Justice, qui, aux yeux de la chef péquiste, a présidé au «cafouillage» indescriptible résultant du mégaprocès des prévenus arrêtés en marge de l'opération SharQc.

En Chambre, la chef de l'opposition officielle a demandé au premier ministre Jean Charest de muter M. Fournier dans les plus brefs délais, jugeant qu'il n'avait plus la crédibilité nécessaire pour occuper ses importantes fonctions.

«Est-ce que le premier ministre est conscient des dommages que son gouvernement est en train d'infliger à l'appareil judiciaire? Est-ce qu'il peut nous assurer que le ministre de la Justice sera muté, à brève échéance, à d'autres fonctions? Il en va de la crédibilité de la justice au Québec», selon Mme Marois, qui passait à l'attaque dans ce dossier pour la troisième journée de suite.

M. Charest a aussitôt décliné la demande, estimant de son côté que Mme Marois faisait des «amalgames» et interprétait «des événements à sa façon et dans un intérêt qui est partisan».

Le ministre Fournier est sur la sellette depuis que le juge James Brunton, de la Cour supérieure, a décrété mardi un arrêt des procédures pour 31 prévenus, motivant sa décision par le manque de ressources mises à la disposition du système judiciaire pour mener à bien un procès d'une telle ampleur. Le mégaprocès visait au total 155 accusés associés à la bande de motards criminels.

Québec a aussitôt inscrit une procédure d'appel de la décision du magistrat, estimant que ses critiques n'étaient pas fondées.

Selon Mme Marois, cette histoire s'ajoute à d'autres erreurs commises par le gouvernement dans l'administration de la justice. Elle a fait référence au processus de nomination des juges, «totalement discrédité», depuis qu'on a appris «que le premier ministre avait modifié le processus afin que les candidatures transitent par un canal partisan».

De plus, a-t-elle ajouté, la décision du juge Brunton survient au moment même où se multiplient les enquêtes sur diverses allégations de corruption et de collusion.