Une quinzaine de personnes associées au projet du Domaine Islemère, construit sur des terrains en milieu humide à Laval, ont versé un total de 224 000$ à la caisse du Parti libéral du Québec. Et près de la moitié de ces dons ont été faits depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement Charest, en 2003.

Les liens entre les sympathisants libéraux et des promoteurs immobiliers à Laval ont de nouveau fait surface à l'Assemblée nationale. Le député péquiste de Chambly, Bertrand St-Arnaud, estime que les contribuables sont en droit de se demander ce qui a primé dans le dossier Islemère: «L'intérêt public ou l'intérêt de généreux donateurs?»

Parmi les actionnaires de la société à numéro 9047-4784, la firme du promoteur Remo Zeppelli, «on trouve en effet comme premier actionnaire le Groupe Petra, présidé par Giuseppe Borsellino, et plusieurs autres entreprises dont les dirigeants sont de très généreux donateurs à la caisse libérale - plus de 220 000$ au fil des ans», a dit M. Saint-Arnaud à l'Assemblée nationale.

Dons généreux

Giuseppe Borsellino a versé en tout 58 665$ à la caisse libérale au fil des ans, dont 20 000$ depuis 2003, indique la recension compilée par le Parti québécois. L'ensemble de ces donateurs a aussi versé 27 650$ au Parti québécois et 4000$ à l'Action démocratique du Québec.

«C'est vrai que 220 000$, pour le Parti libéral, c'est de la petite bière», a lancé le péquiste. Citant le reportage publié hier dans La Presse, il rappelle que l'ex-ministre Thomas Mulcair avait réprouvé l'entente à l'amiable survenue entre Québec et le promoteur en 2008, une entente «proprement scandaleuse».

«Ce n'est pas des farces, l'ancien ministre Mulcair, qui était au coeur de la famille libérale, trouve scandaleuse l'attitude du gouvernement libéral!», a dit le député péquiste de Chambly.

«Ce que le député essaie de faire, actuellement, ça s'appelle un party d'insinuations», a rétorqué vertement le ministre de l'Environnement, Pierre Arcand.

Des chiffres gonflés?

À son avis, l'opposition et les environnementalistes exagèrent quand ils soutiennent que 40% des terres humides ont disparu à Laval à cause de l'urbanisation sauvage. «Ce n'est pas 40% de superficie qui ont été perdus, c'est 3% des milieux humides qui ont été perdus», a soutenu le ministre. Il y avait à Laval 1141 hectares de milieux humides. De ce nombre, 39,6 hectares ont été lotis, dont 32 - près de 80% - ont été compensés par la protection d'autres superficies de l'île a-t-il expliqué.

En 2005, le ministre Thomas Mulcair avait rendu une ordonnance ministérielle pour que le promoteur du Domaine Islemère remette en état les terrains de Sainte-Dorothée qui avaient été détruits sans autorisation du ministère de l'Environnement.

Il s'agissait d'une décision sans précédent, que le tribunal a cassée par la suite, a rappelé le ministre Arcand. L'année suivante, une entente à l'amiable est intervenue entre Québec et les promoteurs, et le gouvernement s'est contenté de ne faire restaurer que 6% des terres touchées à l'origine.

«Quand un ministre décide de rendre une ordonnance, c'est un geste très grave, c'est un geste sérieux. Et quand on perd en cour l'ordonnance, c'est extrêmement sérieux. C'est ce qui s'est passé dans ce dossier-là en 2008. On a perdu devant un juge une ordonnance qui était demandée», a expliqué le ministre Arcand.

En outre, a-t-il fait valoir, les milieux humides au centre du litige n'avaient pas une grande importance environnementale, il ne s'agissait pas de tourbières ou de marécages reliés à des cours d'eau, par exemple.