Des partis de l'opposition soupçonnent que des liens entre un collecteur de fonds libéral et le premier ministre Jean Charest expliquent l'empressement du gouvernement à contribuer à financer la relance controversée d'une mine d'amiante, dans les Cantons-de-l'Est.

Après avoir annoncé en avril qu'il soutiendrait le redémarrage de la mine Jeffrey, à Asbestos, le gouvernement a publié, mercredi, sa décision d'octroyer une garantie de prêt de 58 millions de dollars.

En Chambre, le député péquiste Bertrand St-Arnaud a questionné la façon de procéder du gouvernement, alors même que des députés devaient décider, mercredi, si une commission parlementaire allait réévaluer les risques de l'amiante pour la santé.

M. St-Arnaud a rappelé que le principal promoteur de la relance de la mine Jeffrey, Baljit Chadha, président de Balcorp, a déjà organisé une activité de financement pour le Parti libéral du Québec (PLQ) en compagnie du premier ministre Charest, en 2009.

«Un cocktail de financement du Parti libéral, à la résidence personnelle de Westmount du président de la firme Balcorp, un proche du premier ministre, a-t-il dit. Un cocktail qui a rapporté 20 000$ en présence du premier ministre lui-même. Pourquoi cette aide financière, aujourd'hui, avant la commission parlementaire que l'on réclame?»

Le ministre du Développement économique, Clément Gignac, a répondu qu'il croit que l'amiante chrysotile peut être utilisé de manière sécuritaire, malgré le fait que tous les directeurs québécois de la santé publique craignent les effets de la relance de l'exploitation de la mine Jeffrey.

Lors d'un point de presse après la période des questions, M. Gignac a affirmé qu'il était important d'officialiser l'octroi de la garantie de prêt, bien que les investisseurs associés au projet n'ont pas complété leur financement.

«Le projet va aller de l'avant uniquement s'ils ramassent les 20 millions de dollars manquants de mise de fonds, a-t-il dit. Étant donné l'incertitude que le débat sur le chrysotile cause, il est évident que si le gouvernement du Québec se positionne pour dire que nous on croit en l'utilisation du chrysotile, c'est plus facile pour les promoteurs de pouvoir recueillir le 20 millions de dollars.»

En après-midi mercredi, après une réunion de députés du gouvernement et de l'opposition, le PQ a diffusé un communiqué pour dénoncer le refus des libéraux de confier à une commission parlementaire le mandat de réexaminer l'utilisation de l'amiante et l'avenir de cette industrie.

«Les libéraux ont décidé de faire plaisir au président de Balcorp, un proche du premier ministre et organisateur de cocktail de financement du Parti libéral en lui garantissant un prêt de 58 millions de dollars», a dit dans un communiqué le député péquiste Scott McKay.

Le député de Québec solidaire, Amir Khadir, qui est favorable à l'arrêt de l'exploitation de l'amiante, a lui aussi déploré la décision du gouvernement.

«Derrière cette décision irrationnelle se trouvent des intérêts purement électoralistes et malheureusement encore la filière du financement du PLQ», a-t-il dit.

Plus tôt, mercredi, M. Charest a nié que ses liens avec M. Chadha soient à l'origine de l'octroi de la garantie de prêt.

«La réponse, c'est non», a-t-il laissé tomber.

M. Gignac a pour sa part désamorcé les soupçons en affirmant que les libéraux recueillent plus de dons parce qu'ils ont des politiques favorables au développement économique, contrairement aux souverainistes.

«Il y a beaucoup de monde qui appuie le Parti libéral parce que nous, de notre côté, c'est l'économie, c'est pas la séparation», a-t-il dit.