Le Parti québécois croit que le gouvernement dispose d'assez de preuves pour ordonner à son unité de lutte à la corruption d'enquêter sur l'administration du maire Gilles Vaillancourt à Laval.

Le porte-parole péquiste en matière d'affaires municipales, Daniel Ratthé, a cité les déclarations de l'ancien ministre de la Justice péquiste Serge Ménard et du député libéral Vincent Auclair.

Tous les deux ont affirmé l'automne dernier que M. Vaillancourt leur a déjà offert une enveloppe d'argent.

Selon M. Ratthé, ces éléments sont suffisants pour que le premier ministre Jean Charest mandate l'Unité permanente anticorruption (UPAC) et demande au maire de quitter temporairement ses fonctions.

«Il y a suffisamment de preuves, actuellement, pour que minimalement le premier ministre déclenche une enquête et demande au maire de se retirer temporairement durant le temps de cette enquête», a-t-il dit.

Le député péquiste a aussi répété de récents propos de l'ancien ministre libéral de l'Environnement Thomas Mulcair, à l'effet que M. Charest aurait intérêt à protéger M. Vaillancourt, en raison de l'importance de son appui lors d'élections provinciales.

Le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, a répondu en insistant sur l'importance de la présomption d'innocence.

«La présomption d'innocence existe pour protéger les innocents contre les calomnies, a-t-il dit. C'est pour ça qu'on a besoin de preuves et c'est pour ça qu'on a des corps de police à qui nous donnons tous les outils qui sont nécessaires pour l'établissement de ces preuves, et ultimement de faire les accusations quand les preuves sont connues.»

Sous le couvert de l'anonymat, un représentant de l'entourage gouvernemental a rappelé, plus tard mercredi, que M. Auclair a rencontré la Sûreté du Québec, l'automne dernier, dont l'escouade Marteau fait désormais partie de l'UPAC.

Le PQ avait déjà accusé le gouvernement, mardi, de manquer de cohérence en refusant de mandater l'UPAC à Laval alors qu'elle vient tout juste de la dépêcher avec tambours et trompettes à Montréal, ce qui a provoqué la colère du maire Gérald Tremblay, qui s'est plaint de ne pas avoir été avisé de cette décision.

Après avoir confirmé ses propos, M. Mulcair, qui avait abandonné ses fonctions ministérielles en 2006 à la suite de divergences, s'est refusé à tout commentaire supplémentaire, mercredi, lors d'une entrevue à La Presse Canadienne.

M. Mulcair, qui est maintenant chef adjoint du Nouveau Parti démocratique fédéral, s'est limité à préciser qu'il avait fait référence à une ordonnance qu'il avait émise alors qu'il était ministre de l'Environnement, à l'été 2005, afin de forcer la Ville de Laval et un promoteur immobilier à restaurer un écosystème.

«Je ne fais pas d'autres commentaires sur le sujet pour l'instant, a-t-il dit. Le dossier en question concernait les milieux humides à Laval et une ordonnance que j'avais émise pour ordonner la restauration.»

Un règlement hors-cour négocié par le gouvernement avec le promoteur, en 2008, a cependant considérablement réduit la portée de l'ordonnance, ce que M. Mulcair a qualifié l'automne dernier de «proprement scandaleux».

M. Mulcair, qui brigue actuellement un renouvellement de mandat dans la circonscription fédérale d'Outremont, a réclamé en octobre dernier au ministre de l'Environnement, Pierre Arcand, le dévoilement des détails de l'entente.

Plus tôt cette semaine, M. Ratthé avait cité de récents propos de M. Mulcair. L'ancien ministre de l'Environnement a affirmé dans une entrevue au magazine L'Actualité que sa relation avec M. Charest s'était dégradée lorsqu'il s'est attaqué à la protection des écosystèmes à Laval, ce qui aurait pu contrarier M. Vaillancourt.

«Il y avait beaucoup de terrains en jeu à Laval, notamment, et Charest m'a dit qu'il ne pouvait pas faire ça au maire Gilles Vaillancourt, a dit M. Mulcair. On avait trop besoin de lui pour les élections.»