À la veille d'un vote de confiance sur son leadership, Pauline Marois s'est employée vendredi soir à convaincre ses militants qu'un gouvernement péquiste «mettra tout en oeuvre pour préparer» un référendum.

Dans son discours d'ouverture du congrès, la chef du Parti québécois a voulu rassurer son aile plus radicale en mettant la souveraineté au premier plan. Son programme est plutôt vague sur la tenue d'un référendum.

«Il y aura un moment décisif», a-t-elle assuré sans préciser d'échéancier. Après les échecs de 1980 et 1995, «le référendum le plus important, celui que nous gagnerons, il est encore à venir. Si je suis ici, aujourd'hui, c'est pour cette raison. La prochaine fois, j'ai envie de le mener en première ligne, j'ai envie de le gagner», a lancé Pauline Marois, aussitôt ovationnée par les quelque 1500 délégués.

Pauline Marois a longuement évoqué les lendemains d'une élection du PQ. Un gouvernement péquiste «ne reculera devant rien» pour «récupérer tous les pouvoirs qui sont essentiels à l'épanouissement d'un peuple libre». Il défendra «les besoins et les aspirations du Québec, sans égard à ce que le Canada veut ou ne veut pas».

«Notre projet sera dans chacun de nos gestes, notre vision sera dans chacune de nos politiques», a-t-elle ajouté.

«Rompre avec l'attentisme»

Pauline Marois a rappelé aux militants que le parti revient de loin. Lorsqu'elle est arrivée à sa tête, en 2007, il était «mal en point», et l'option souverainiste risquait la «marginalisation». «Aujourd'hui, le Parti québécois est de retour», a-t-elle ajouté. «Nous avons agi pour remettre notre projet de pays du Québec sur la voie de la réalisation. Nous avons décidé de rompre avec l'attentisme.»

La démarche de «gouvernance souverainiste» proposée par Pauline Marois devrait être adoptée sans controverse. Élu, le PQ tiendra un référendum «au moment jugé approprié par le gouvernement». Selon le député de Richelieu, Sylvain Simard, le parti ne s'entre-déchirera pas ce week-end. «Le congrès est canné depuis un mois, un mois et demi», a-t-il expliqué. Les militants ont déjà tranché sur bien des sujets délicats à l'occasion des congrès régionaux. M. Simard avait exprimé son désaccord au sujet de l'application de la loi 101 aux cégeps, mais les militants en ont décidé autrement. La mesure sera adoptée à peu près sans débat, puisqu'aucun amendement ne remet en question sa pertinence, a-t-il affirmé.

Militant dans Beauharnois, Marc Laviolette, ancien président de la CSN, s'attend lui aussi à un congrès sans histoire. Pour lui, Mme Marois a vite accepté l'application de la loi 101 aux cégeps, «parce qu'elle se souvenait de la controverse au congrès de 2005. M. Landry s'y était opposé et cela avait nui à son vote de confiance», a-t-il expliqué.

Il juge acceptable le «compromis» offert par Mme Marois aux militants qui, comme dans la circonscription de Crémazie, voulaient une démarche souverainiste plus déterminée. Une résolution de Lisette Lapointe - épouse de Jacques Parizeau - a été scindée et sera finalement débattue dans deux ateliers. Les militants devront décider s'ils incluent au programme l'idée d'utiliser des fonds publics pour la promotion de la souveraineté. Ils discuteront de l'à-propos d'instituer une commission pour vérifier le progrès de la démarche référendaire et en faire rapport périodiquement aux instances du PQ.

Que faire avec les droits de scolarité?

Le dossier des droits de scolarité à l'université pourrait être plus litigieux. Pauline Marois veut les coudées franches: sa proposition, évasive, prévoit «une contribution étudiante qui préserve l'accessibilité régionale et la capacité de payer des étudiants». Or cinq régions présentent des amendements pour qu'un éventuel gouvernement péquiste gèle les droits de scolarité.

Au sujet du vote de confiance, les prédictions des militants qui ont voulu se prêter au jeu dépassent les 80%. L'entourage de la chef est confiant. Au dernier congrès, en 2005, Bernard Landry avait démissionné après avoir obtenu 76,2%.

Pauline Marois voulait inscrire l'événement sous le signe de la réconciliation. Répudié par les députés péquistes en 2000, Yves Michaud assistait à la réception de Mme Marois avec son vieux compagnon, Jacques Parizeau. Une vingtaine de diplomates étrangers étaient également présents.