Environ 150 étudiants collégiaux et universitaires ont manifesté dimanche après-midi devant un hôtel de Boucherville, sur la Rive-Sud de Montréal, où le premier ministre Jean Charest s'est adressé à ses militants dans le cadre d'un colloque du Parti libéral du Québec.

Les manifestants se sont réunis vers midi devant l'hôtel Mortagne, rue Nobel. Ils ont répondu à l'appel de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), qui ont entrepris une série d'actions pour dénoncer la décision du gouvernement Charest d'augmenter les frais de scolarité de 1625$ en cinq ans.

Les étudiants ont manifesté dans le calme derrière une barrière de sécurité. Certains ont distribué quelques dépliants à l'entrée, mais ils n'ont pas essayé d'entrer dans l'hôtel, qui était sous haute surveillance policière.

Vers 13h, les manifestants ont entrepris une «action symbolique»: ils se sont couchés au sol pour tracer le contour de leurs corps à la craie.

«C'est pour symboliser la mort des étudiants», a expliqué Dominic Roy, étudiant au cégep de Saint-Hyacinthe. Au sol, le jeune homme de 19 ans a écrit: «Le pouvoir du bas vers le haut», pour enjoindre le gouvernement à écouter les revendications des étudiants.

Ali Akbor Chowdhery, lui, a tracé le contour de sa chaise roulante au sol. «En plus de ne pas pouvoir marcher, je ne pourrai pas étudier», a-t-il écrit. «Je veux poursuivre mes études à l'université, mais je vais devoir m'endetter: ce sera un dilemme de choisir», a dit cet étudiant en cinéma au collège de Rosemont.

«Nous avions prévenu que nous traquerions les militants libéraux, et c'est ce que nous faisons aujourd'hui: nous poursuivons notre guerre d'usure», a déclaré le président de la FECQ, Léo Bureau-Blouin.

Son homologue de la FEUQ, Louis-Philippe Savoie, a qualifié d'«inacceptable» la hausse des frais annoncée par le gouvernement libéral.

Les deux présidents ont dénoncé l'«injustice générationnelle» que vivent les étudiants d'aujourd'hui. «On rappelle à Jean Charest qu'il a payé environ 500$ par année pour étudier, ce qui correspond à 1700$ en dollars d'aujourd'hui. Pourquoi devrions-nous payer 4700$?», a demandé Léo Bureau-Blouin.

Vers 14h, les manifestants se sont dispersés, sans attendre l'arrivée de Jean Charest, qui a prononcé un discours vers 15h.

En marge du colloque, Jean Charest a rappelé que le gouvernement et le secteur privé investiront eux aussi d'avantage dans le système d'éducation et que le programme de prêts et bourses allait être bonifié.

«Un boursier québécois va recevoir une compensation équivalente en bourses, a-t-il dit. On a beaucoup réfléchi à la formule et elle est juste et bonne.»

«Ces étudiants, qui ont le droit de manifester, représentent un pôle, a indiqué la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, qui était présente au colloque. Ils ne forment pas un bloc monolithique et on le constate assez bien. Beaucoup de contribuables et d'étudiants québécois ont compris que la décision était équitable et équilibrée après 33 années de gel au cours des 43 dernières années.»

Jeudi, des milliers d'étudiants ont marché dans le centre-ville de Montréal. La manifestation s'est soldée par l'arrestation de cinq personnes pour voies de fait et menaces à l'encontre de policiers.