Au lendemain du discours inaugural, l'opposition péquiste a appelé jeudi les parlementaires de l'Assemblée nationale à retirer leur confiance envers le gouvernement libéral.

La chef Pauline Marois a aussi réclamé la démission du ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier, qu'elle tient responsable du climat de crise qui découle des négociations avec les procureurs de la Couronne.

«Est-ce que le premier ministre est conscient que son ministre de la Justice a lamentablement échoué dans son rôle de gardien de cette institution si fondamentale pour notre démocratie et qu'il n'a plus la crédibilité nécessaire pour redresser la situation?», a lancé Mme Marois, pendant la période de questions.

L'échec des négociations avec les procureurs n'est qu'un des nombreux griefs que la chef péquiste entretient à l'endroit du premier ministre.

Loin de remettre le gouvernement sur les rails, le discours inaugural prononcé la veille par M. Charest a plutôt confirmé, selon elle, que les libéraux n'ont plus rien à offrir.

«Les Québécois en ont assez, ils ne se laisseront plus tromper. Ils veulent reprendre le contrôle sur leur destin. Je demande donc à cette Chambre d'agir conformément aux volontés du peuple québécois. J'invite tous mes collègues à retirer leur confiance à ce gouvernement», a-t-elle affirmé.

Le discours d'ouverture du premier ministre sera soumis au vote de la Chambre à la mi-mars, au terme des 25 heures réglementaires de débat. L'appel de la chef péquiste est tout à fait symbolique puisque les libéraux, majoritaires, vont se ranger derrière leur chef.

Aux yeux de la chef du PQ, le gouvernement Charest a dépassé depuis longtemps les limites de la décence en politique.

Pour son incapacité à contrôler ses dépenses, son refus de décréter un moratoire sur l'exploration des gaz de schiste et son obstination à ne pas déclencher une enquête publique sur les allégations de corruption, le gouvernement a atteint le point de rupture, selon elle.

«L'opération de marketing conduite hier (mercredi) par le premier ministre a échoué. Il voulait nettoyer l'ardoise, sans succès. Le premier ministre a maintenant joué sa dernière carte», a-t-elle argué au cours d'une allocution d'environ 45 minutes, en Chambre, après les questions.

À la tête d'un gouvernement «usé à la corde», Jean Charest a choisi la fuite en avant en annonçant des mesures que les Québécois n'avaient pas demandées, a-t-elle fait remarquer.

«On a plutôt vu un premier ministre fuir ses problèmes, tenter d'hypnotiser les Québécois. On n'a pas entendu parler de régler les problèmes d'attente en santé. Le premier ministre n'a pas abordé les enjeux économiques comme on était en droit de l'attendre», a-t-elle dénoncé.

En matière d'éducation, l'engagement pris en faveur de l'enseignement de l'anglais langue seconde est l'un des seuls points positifs du discours inaugural, a relaté la chef souverainiste.

Cependant, elle a accusé le premier ministre de ne pas avoir eu le courage d'annoncer parallèlement des mesures pour renforcer la langue française.

«Le chef des fédéralistes aime beaucoup parler du français la main sur le coeur. Tant que ça ne porte pas à conséquence politique, tant qu'il n'a pas besoin de poser de gestes, il aime beaucoup le français», a-t-elle ironisé.

De son côté, le chef de l'Action démocratique, Gérard Deltell, a perçu dans le discours inaugural «le début de la fin» du gouvernement libéral.

Comme Mme Marois, le chef de l'ADQ pense que le discours du premier ministre est passé à côté de l'essentiel.

«Le Québec est la cinquième nation la plus endettée au monde et que contient le discours inaugural pour combattre cette situation? Rien du tout. Nous sommes parmi les plus taxés en Amérique du Nord et que contient le discours inaugural pour combattre cette réalité? Rien du tout», a-t-il soulevé.

M. Deltell a cependant applaudi le plaidoyer de M. Charest en faveur du vouvoiement dans les classes au Québec, une idée que défend l'ADQ depuis 2007, pour ramener «le respect» et «l'autorité» dans les écoles.

À cet égard, «c'est bien qu'il chipe les idées de l'Action démocratique», a dit le député de Chauveau.