Un discours inaugural ne saurait faire l'unanimité dans la population, ni inverser la tendance de l'opinion publique envers le gouvernement, a convenu le premier ministre Jean Charest, jeudi.

Au lendemain de la présentation en Chambre de son discours d'ouverture de la nouvelle session, qui trace les grandes lignes des orientations privilégiées par son gouvernement d'ici les prochaines élections, M. Charest a estimé que son propos avaient été très bien reçus jusqu'à maintenant.

Devant un parterre de 450 gens d'affaires de Québec, il a repris en matinée les grandes lignes de son discours inaugural.

«En politique, ce n'est pas vrai qu'on annonce une affaire et que tout le monde applaudit et que c'est unanime», a-t-il convenu, en point de presse, après son allocution.

L'important consiste à pouvoir débattre d'idées, a-t-il ajouté, et parler de choses qui touchent l'avenir du Québec, dans «une vision à long terme». Et non pas à chercher à obtenir de meilleures cotes dans les sondages.

«Le reste, c'est de l'actualité, et le gouvernement fait son travail à tous les jours», a commenté M. Charest.

La cote de popularité du gouvernement Charest est au plus bas depuis des mois.

«Le discours est bien reçu. Moi, je suis très heureux de l'accueil du discours inaugural», a-t-il dit.

À ceux qui considèrent que le discours de mercredi pourrait constituer le chant du cygne du premier ministre, M. Charest a répliqué, sur le ton de la blague, qu'à 52 ans, après 26 ans de vie politique active, il n'en était toujours qu'aux balbutiements de sa carrière politique, soulevant les rires de son auditoire, conquis d'avance.

«Moi, je commence ma carrière politique», a-t-il soutenu sourire en coin, voulant sans doute faire taire les rumeurs sporadiques d'un départ avant la prochaine échéance électorale.

Questionné par la suite à savoir si, rendu à mi-parcours d'un troisième mandat, c'était la dernière fois qu'il se livrait à un tel exercice, il s'en est tiré une fois de plus avec une pirouette, en disant que c'était son dernier discours inaugural, «en attendant que je prononce le prochain».

À l'intention de ceux qui s'impatientent de voir les mesures contenues dans le discours de mercredi transformées en actions concrètes, M. Charest a dit que certaines annonces seraient faites dans le budget du ministre des Finances attendu d'ici un mois.

«Dans les prochains jours, nous allons donner le détail des annonces. Le budget arrive bientôt dans les prochaines semaines», a-t-il dit. La date du budget québécois ne sera connue qu'après celle du dépôt du budget fédéral.

Pour ce qui est du Plan Nord, il a invité tout le monde à faire preuve de patience, persuadé que ce type de projet devait prendre le temps voulu avant d'aboutir.

«Ceux qui connaissent un petit peu le Nord et l'histoire des projets de développement dans le Nord vous diront: prenez le temps qu'il vous faut avec les bonnes personnes pour vous assurer d'avoir un bon départ», a-t-il indiqué.

Les détails des intentions gouvernementales avec le Plan Nord, qui vise le développement tous azimuts de la moitié nord du Québec, demeurent flous depuis des années.