Le gouvernement libéral n'a pas attendu le manifeste de François Legault avant de réinvestir dans l'enseignement, a fait valoir vendredi la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp.

En insistant sur la nécessité de revaloriser l'éducation, l'ex-ministre péquiste enfonce une porte déjà ouverte par le gouvernement Charest, a soutenu Mme Beauchamp, appelée à commenter les points saillants du manifeste de M. Legault qui ont fait l'objet d'une fuite dans les médias.

«On a déjà fait le choix d'investir plus en éducation, ça me semble indéniable. En sept ans, le budget du ministère de l'Éducation a augmenté de 32 pour cent», a-t-elle déclaré, en marge d'une allocution devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

D'après les informations qui ont filtré jusqu'à présent, le manifeste met de côté la souveraineté, place l'éducation au centre des priorités nationales et plaide pour un important rehaussement salarial des enseignants.

À cet égard, le gouvernement a déjà pris des mesures conséquentes, a souligné la ministre de l'Éducation.

«Nous avons conclu une entente négociée avec les professeurs, avec une amélioration de leurs conditions de travail, de leur revenu et une clause d'indexation selon la performance économique du Québec. Même nos partenaires syndicaux ont compris qu'on avait une position de gros bon sens, respectant la capacité de payer des Québécois», a-t-elle dit.

En prenant la tête d'un nouveau mouvement politique, l'ex-ténor du gouvernement péquiste a compris que le Parti québécois était à court d'idées pour assurer l'avenir du Québec, a estimé Mme Beauchamp.

«Ma première constatation, c'est le fait qu'il ne croit pas que ce soit du côté de Mme Marois et du Parti québécois que se trouvent la solution pour l'avenir du Québec», a-t-elle lancé, saluant la contribution du citoyen Legault à la réflexion politique.

Des péquistes nerveux

Du côté péquiste, la discrétion était de mise vendredi après-midi. Au cours des derniers mois, le travail en coulisse de François Legault a rendu ses ex-collègues nerveux.

Néanmoins, le député de Roberval, Denis Trottier, a paru enthousiasmé par la décision de M. Legault de faire de l'éducation une priorité absolue.

«Faire une priorité du monde de l'éducation, on est parfaitement d'accord avec ça», a-t-il dit lors d'un point de presse portant sur l'industrie forestière à l'Assemblée nationale.

Attendu depuis des mois, le manifeste de M. Legault est susceptible de servir de source d'inspiration, selon le député du PQ.

«C'est un mouvement et s'il a de bonnes idées, tout le monde peut être d'accord avec ça. Je pense que M. Legault peut participer à l'évolution du débat de société et ce qui est bon, on va le retenir», a-t-il analysé.

Quant à l'Action démocratique (ADQ), la leader parlementaire Sylvie Roy a refusé de se commettre préférant attendre de lire le document en entier.

«Si ça ressemble à nos idées, c'est tant mieux», a-t-elle opiné.

Mais le milieu syndical est loin de partager l'optimisme de l'ADQ.

M. Legault a beau proposer de meilleurs salaires pour les enseignants, sa vision de l'éducation soulève les pires craintes au sein de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).

«Il n'invente rien de neuf. Ce qu'il met de l'avant, c'est carrément le modèle à la Obama ou à la Bush (...) On va mettre de la pression sur le personnel sans mettre les moyens appropriés, on va évaluer les enseignants quotidiennement. Je n'ai pas lu son manifeste mais la première mouture est plutôt alarmante», a signifié le président de la centrale, Réjean Parent.