Le gouvernement du Québec a choisi le meilleur des mondes en cédant au secteur privé les droits d'exploration pétrolière à l'île d'Anticosti, a fait valoir mardi le premier ministre Jean Charest.

Si jamais la société Pétrolia extrait du pétrole du sous-sol de l'île, le Québec y trouvera largement son compte en engrangeant des royautés et les redevances prévues à la loi, a soulevé M. Charest au cours d'un vigoureux débat à l'Assemblée nationale.

Malgré l'insistance de l'opposition péquiste, le premier ministre a refusé de dévoiler les montants négociés avec la firme Pétrolia, qui détient depuis quelques années les permis cédés par Hydro-Québec.

Le gouvernement justifie son refus en invoquant la confidentialité de l'entente liant Hydro-Québec à Pétrolia.

«On a pris les bonnes décisions de telle sorte que les contribuables québécois ont le meilleur des deux mondes: on a gardé les droits sur les royautés et les redevances mais on n'a pas gardé les risques d'aller creuser», s'est contenté d'expliquer M. Charest.

De son côté, la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, a défendu la décision du gouvernement de mettre fin aux activités de la division Pétrole et gaz d'Hydro-Québec en 2007, laissant ainsi le secteur privé occuper le champ libre.

«Ce n'est pas au gouvernement ni à Hydro-Québec de prendre l'argent des contribuables, de l'investir à haut risque dans des activités d'exploration alors qu'il y a des besoins à combler en santé et en éducation», a soutenu la ministre, rappelant qu'Hydro avait dépensé 30 millions $ en travaux d'exploration entre 2002 et 2005 dans l'Est du Québec.

Plutôt que de «jouer au casino avec l'argent des contribuables», le gouvernement «s'est assuré d'avoir la meilleure entente» avec le secteur privé, a poursuivi Mme Normandeau.

«Le choix qu'a fait notre gouvernement, c'est de retirer le maximum de bénéfices avec le minimum de risques financiers», a-t-elle ajouté.

Des études rapportent que l'île d'Anticosti renferme d'énormes quantités d'hydrocarbures pour un potentiel de 30 à 70 milliards de barils de pétrole.

Des milliards de dollars dormiraient dans le ventre de la plus grande île du Québec.

Pour la chef péquiste, Pauline Marois, le gouvernement libéral a abandonné la filière pétrolière au secteur privé alors qu'il savait fort bien que l'île d'Anticosti renfermait d'immenses réserves en hydrocarbures.

Parce que le gouvernement a «tout vendu à rabais» et «liquidé l'expertise» qu'avait Hydro-Québec, les Québécois ne pourront pas profiter de l'hypothétique manne pétrolière d'Anticosti, a-t-elle dénoncé en Chambre.

Mais le premier ministre avait prévu la parade.

«Depuis le début, elle demande des moratoires et aujourd'hui, elle dit: Drill, baby, drill», a-t-il rétorqué à sa vis-à-vis, faisant allusion aux moratoires exigés par le PQ sur l'exploitation des gaz de schiste et du pétrole sur le gisement Old Harry dans le golfe du Saint-Laurent.

Quant à lui, le coleader de Québec solidaire, Amir Khadir, a déploré «la liquidation des intérêts du Québec dans le dossier du pétrole» au profit du secteur privé.

Le cochef de la formation de gauche préconise la création d'une vaste société publique, Énergie Québec, qui exercerait un plein contrôle d'État sur les questions énergétiques.

À ses yeux, tant le Parti libéral que le Parti québécois sont discrédités depuis longtemps en matière de gestion des ressources naturelles et énergétiques.