La chef du Parti québécois, Pauline Marois, se dit jalouse du Bloc québécois qui s'apprête vraisemblablement à vivre des élections car elle a hâte que les Québécois puissent s'exprimer contre le premier ministre Jean Charest.

Présente au conseil général du Bloc, samedi, à St-Hyacinthe, où elle a prononcé un discours, Mme Marois semble avoir voulu «surfer» sur la popularité de Gilles Duceppe pour faire mousser la sienne.

Lors de l'accueil chaleureux et enthousiaste des militants bloquistes, samedi matin, la chef péquiste a déclaré d'entrée de jeu qu'elle présumait qu'il était adressé aux deux chefs souverainistes.

Elle s'est dit très heureuse du soutien reçu, sans s'avouer surprise.

«Je l'avais déjà entendu à quelques reprises, lorsque Gilles avait lui-même indiqué qu'il me donnait son appui et qu'il souhaitait que les membres donnent aussi leur appui», a rappelé Mme Marois.

Selon elle, il est important que les deux leaders du mouvement souverainiste soient forts pour convaincre la population de l'importance du projet d'indépendance du Québec.

L'accueil a d'ailleurs été encouragé par Vivian Barbot, la vice-présidente du Bloc, qui a souligné le soutien de son Parti envers Mme Marois à plus d'une reprise.

«Je demandais à l'Assemblée d'avoir un vote très fort pour Pauline Marois dans quelques semaines, en réitérant l'appui indéfectible du Bloc et je veux que vous entendiez leur réponse», a-t-elle répété à l'intention de la chef péquiste, avant de faire place aux applaudissements.

Car la chef se soumettra à un vote de confiance de ses militants en avril, et devra défendre son leadership.

L'automne dernier, un groupe de jeunes péquistes avaient déclaré que Gilles Duceppe ferait un meilleur chef pour le Parti québécois que Pauline Marois, relançant les rumeurs d'un départ du chef bloquiste pour l'Assemblée nationale. Que le chef bloquiste s'était empressé de démentir.

Les déchirements au sein du Parti québécois, dont les militants ont tendance à contester et à remettre en question le leadership de leurs chefs, tranchent avec l'appui quasi-unanime dont jouit Gilles Duceppe.

Lors des deux derniers votes de confiance, en 2009 et en 2007, M. Duceppe avait reçu l'appui de 95 pour cent de ses membres.

Après avoir évoqué la possibilité d'élections fédérales, «je dois dire que je suis un peu jalouse», a déclaré tout sourire la chef péquiste devant les militants réunis.

«J'ai hâte que les Québécois puissent s'exprimer contre le gouvernement libéral de Jean Charest», a-t-elle précisé.

Profitant de sa plate-forme, Mme Marois s'est d'ailleurs livrée à une attaque en règle contre M. Charest, dont elle a résumé le bilan en quatre mots: incapacité, impuissance, inaction, indifférence.

«À genoux, c'est comme ça que Jean Charest défend les intérêts du Québec», a-t-elle fustigé.

En cas d'élections, il va revêtir à nouveau l'habit du défenseur des intérêts du Québec, mais après le scrutin, il ne se passera absolument rien, a souligné Mme Marois.

«La marmotte a vu son ombre et est rentrée dans son trou», a ironisé la chef péquiste sous les applaudissements.

«Au moment où le Québec est dirigé par le gouvernement le plus faible de l'histoire, on a plus que jamais besoin du Bloc», de conclure Mme Marois.

Les militants, députés et dirigeants du Bloc québécois sont réunis en congrès samedi et dimanche, journées au cours desquelles ils vont adopter la plate-forme électorale du parti, anticipant les prochaines élections fédérales.