En tenant des propos controversés sur les femmes et l'homosexualité, un candidat répudié par l'ADQ, Jean-François Plante, a lui-même semé la controverse dont il s'est dit victime. Les journalistes de Radio-Canada Martine Biron et Bernard Derome n'ont fait que leur travail en en parlant, et ce travail était bien fait.

C'est ce qui se dégage du jugement rendu cette semaine par le juge de la Cour supérieure Jean Guibault. M. Plante réclamait 300 000$ en dommages et intérêts à Mme Biron, à M. Derome et à leur employeur, Radio-Canada, au motif qu'on avait porté atteinte à sa réputation pendant la campagne électorale de 2007. M. Plante s'était porté candidat de Deux-Montagnes pour l'ADQ. À la suite de ses déclarations, son chef, Mario Dumont, l'avait chassé avant les élections.

Dans sa poursuite, M. Plante reprochait aux journalistes d'avoir qualifié ses propos de «sexistes» et d'«homophobes» alors qu'il soutient qu'il n'est ni l'un ni l'autre. Il affirmait que sa vie personnelle et professionnelle en avait été grandement affectée. Le procès s'est tenu en décembre dernier. Au regard de la preuve, le juge conclut que M. Plante est l'artisan de son malheur.

M. Plante avait tenu ses propos en 2006 durant une émission de radio internet qu'il animait. Il avait parlé des événements de Polytechnique (récupérés par les féministes, selon lui), expliqué qu'il refusait de porter le ruban blanc parce que cela ostracisait les hommes et s'était déclaré contre la discrimination positive envers les femmes ainsi que contre la Loi sur l'équité salariale.

En mars 2007, pendant la campagne électorale, il avait tenu des propos semblables sur RadioPirate, à l'occasion d'une émission animée par Jeff Fillion, lui-même très controversé. M. Plante avait en outre dit que, à son avis, André Boisclair «jouait» de son orientation sexuelle quand ça l'arrangeait, pour émouvoir et se faire du capital de sympathie. Le journaliste de La Presse Denis Lessard, avait parlé de la controverse.

Polémiste et sexiste

Affectée à la caravane de l'ADQ, en mars 2007, la journaliste Martine Biron avait parlé trois fois des propos tenus par le candidat Plante dans ses reportages. Elle avait utilisé les mots «polémiste», «homophobe», et «sexiste». Au Téléjournal, Bernard Derome avait utilisé aussi de tels qualificatifs pour présenter les reportages de la journaliste. Il avait également fait allusion à cette controverse le 26 mars 2007, alors qu'il animait la soirée électorale. La candidate qui avait remplacé M. Plante dans Deux-Montagnes avait été élue.

Les inconvénients qu'a pu vivre M. Plante à la suite de cette affaire résultent plus de ses propos que des qualificatifs utilisés par les journalistes, estime le juge. «Le demandeur se doit d'assumer les répercussions que peuvent avoir de tels propos, tout particulièrement dans le cadre d'une élection provinciale où il s'était porté candidat», a noté le magistrat.