La présidente du Conseil du trésor, Michelle Courchesne, était plongée dans l'embarras, jeudi, obligée d'expliquer pourquoi elle avait dû congédier son directeur de cabinet l'an passé et pourquoi elle n'avait pas rendu cette information publique.

En janvier 2009, la ministre a dû exiger la démission de son plus proche conseiller depuis près de deux ans, Jean-Sébastien Marineau, pour «bris de confiance», a-t-elle dit jeudi, en point de presse, à la suite de révélations faites par le Journal de Montréal.

Elle avait découvert qu'il lui avait menti à plusieurs reprises et éprouvait divers problèmes personnels graves.

Par la suite, la ministre dit avoir eu vent d'allégations selon lesquelles M. Marineau aurait sollicité des fonds dans le cadre de ses fonctions, notamment auprès de firmes de génie-conseil, selon le quotidien.

Mme Courchesne a dit jeudi qu'elle avait aussitôt contacté la Sûreté du Québec pour qu'elle mène une enquête.

À l'époque, Mme Courchesne détenait deux portefeuilles importants, comme ministre de l'Éducation et ministre de la Famille. M. Marineau dirigeait son cabinet à l'Éducation.

«J'ai rencontré les enquêteurs de la Sûreté du Québec. Pourquoi? Parce que ces allégations étaient évidemment sérieuses», a reconnu la ministre.

Elle n'a cependant pas voulu répondre à la question, quand on lui a demandé si elle avait commandé une enquête interne au ministère, pour savoir si son cabinet avait été témoin d'échange d'argent contre des faveurs politiques.

Son congédiement n'a cependant pas empêché M. Marineau d'empocher une indemnité de départ représentant quelques mois de salaire, une faveur qu'a dénoncée l'opposition adéquiste par la voix de la députée Sylvie Roy.

«On savait que les collecteurs de fonds avaient leurs entrées dans les cabinets et des influences sur les nominations, mais on ne savait pas que le personnel des cabinets était des solliciteurs de fonds du Parti libéral», a dit Mme Roy, en Chambre, en cherchant à savoir quel avait été le montant exact de l'indemnité versée à M. Marineau.

La ministre a répliqué que si elle avait connu l'existence de telles allégations au moment de son congédiement, elle aurait fait en sorte qu'il ne la reçoive pas.

Le gouvernement peut refuser de verser une indemnité de départ dans certains cas de congédiement pour raison disciplinaire.

En point de presse, Mme Courchesne a dit qu'elle n'avait cependant jamais eu de preuves formelles de malversations impliquant M. Marineau.

Le quotidien de Quebecor allègue que M. Marineau, selon plusieurs sources, avait un problème important de consommation de drogue. Le directeur de cabinet aurait aussi inventé souffrir d'un cancer.

Sous prétexte qu'il s'agissait de sa vie privée, Mme Courchesne a choisi de ne pas rendre la nouvelle publique, a-t-elle plaidé, et de ne pas préciser le motif du congédiement.

M. Marineau était, selon elle, aux prises avec «des problèmes très sérieux», nécessitant une aide professionnelle.

Mais cela ne l'a pas empêché d'être le «numéro deux» d'un des plus gros ministères du gouvernement pendant près de deux ans, entre 2007 et 2009.