C'était déjà un feuilleton. On pensait être près de la fin, mais voilà que s'ajoute un nouvel épisode. Yves Michaud conteste le leadership de Pauline Marois parce que son parti a, selon lui, manoeuvré à l'Assemblée nationale pour ne pas se prononcer à nouveau sur la fameuse motion qui l'avait accusé d'antisémitisme.

«Mme Marois est chef d'un parti qui veut libérer le peuple québécois, et elle laisse dans une geôle honteuse un citoyen pour des propos qu'il n'a jamais tenus. Elle se mure dans le silence. Je m'interroge sérieusement sur son leadership. J'avais souscrit à sa campagne électorale, mais, à l'usure, je m'interroge, et aujourd'hui on a la cerise sur le gâteau. J'ai le feu au cul et la première responsable, c'est Pauline. Je ne veux pas lui parler!» a lancé M. Michaud.

Cela fera bientôt 10 ans que l'Assemblée a voté ce blâme à Yves Michaud. «Et j'ai 80 ans! J'espère que cela va se régler avant que je sois centenaire», a laissé tomber hier en entrevue l'ancien compagnon de route de René Lévesque, ami de Jacques Parizeau et de Bernard Landry.

Hier, Amir Khadir, député de Québec solidaire, a voulu déposer une motion à l'Assemblée nationale pour que les élus reconnaissent «avoir fait une erreur le 14 décembre 2000 en condamnant Yves Michaud, dont l'intervention (...) ne comportait pas de propos offensants à l'égard de la communauté juive».

Le député de Mercier ajoutait aussi que l'Assemblée devait «s'engager solennellement» à ce qu'une telle situation ne puisse se reproduire, qu'on ne puisse condamner un citoyen «sans que celui-ci puisse se faire entendre et sans posséder les informations nécessaires sur les propos ou l'acte reprochés».

Les libéraux étaient prêts à débattre de cette motion, bien déterminés à la battre aux voix après un débat de quelques minutes. Pour le ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier, les propos de M. Michaud dénotaient un «nationalisme ethnique».

Mais le Parti québécois a même refusé qu'on débatte de cette motion. «On voulait faire un autre procès à M. Michaud», a dit Mme Marois pour expliquer le refus de son parti de débattre de la motion de M. Khadir.

Joint hier, Yves Michaud fulminait au bout du fil. «On n'est jamais aussi bien trahi que par les siens», a-t-il lancé.

Pauline Marois lui avait téléphoné jeudi pour le prévenir qu'elle avait écrit au président de l'Assemblée, Yvon Vallières, pour lui demander de mettre en place un mécanisme qui assurera à tous ceux qui risquent d'être blâmés le droit de se faire entendre.

Pour Yves Michaud, c'est cautionner le droit de l'Assemblée nationale à se constituer en tribunal populaire. «Sa lettre ne veut rien dire, c'est du brassage de vent. J'attends des députés de mon parti qu'ils s'excusent d'avoir procédé au lynchage d'un citoyen sans aucune raison valable.»

«Au diable les libéraux! Ils vivront avec leurs saloperies - dont celle du 14 décembre 2000, initialement parrainée par leur chef, est une illustration de leurs procédés honteux», a poursuivi M. Michaud.

En soirée, Yves Michaud a envoyé un courriel à Mme Marois pour tempérer ses propos, tenus sous le coup de la colère, a-t-il expliqué.