Contrairement aux années précédentes, le vérificateur général ne produira pas de rapport en ce mois de décembre.

La longue liste de ses doléances au sujet des désastres des projets informatiques dans les ministères et organismes ne sera donc connue qu'au printemps prochain.

Depuis l'an 2000, il n'est arrivé qu'une seule fois que le vérificateur ne présente pas la seconde partie de son rapport au mois de décembre. Sa chef de cabinet, Raymonde Côté-Tremblay, a expliqué hier que le bureau du Vérificateur avait été sollicité par plusieurs autres mandats depuis le début de 2010.

Il y a quelques semaines encore, on avait pourtant maintenu qu'il y aurait un rapport avant la fin de l'année. Juste avant les vacances des Fêtes, le gouvernement déposera une politique sur la gestion des dossiers informatiques.

Selon des sources proches de l'industrie informatique, le Conseil du Trésor a fait des représentations auprès du bureau du Vérificateur général, pourtant nommé par l'Assemblée nationale, pour que ses observations ne soient pas publiées trop rapidement. Le printemps prochain, elles tomberont plusieurs semaines après l'annonce par le gouvernement de ce qu'il entend faire pour reprendre en main des projets d'informatique qui dérapent.

Hier, la présidente du Conseil du Trésor, Michelle Courchesne, s'est limitée à confirmer que sa politique sur l'informatique serait déposée avant l'ajournement du 10 décembre et accompagnée d'un projet de loi.

Québec regrouperait sous le «directeur principal de l'informatique» tout ce qui se trouve actuellement au Centre de services partagés, lequel deviendrait dans les faits une direction du Conseil du Trésor.

Le mois dernier, en conférence de presse, Mme Courchesne avait prévenu que sa nouvelle politique mettrait fin aux dédoublements dans les projets commandés par les ministères.

Québec injecte environ 2,6 milliards de dollars par année en informatique - en développement et en matériel.

Les projets mis de l'avant dans un passé récent se sont transformés en autant de cauchemars. Le Dossier Santé Québec, lancé en 2006, devait être terminé cet automne; on n'en est qu'au tiers, et le fait que plusieurs composantes ne soient toujours pas terminées prive Québec de centaines de millions en remboursement d'Inforoute Canada, le programme fédéral qui finance ce genre de projets.

La Commission de la santé et de la sécurité du travail a dû suspendre un contrat de 47 millions dont le tiers était réalisé. Après un litige dans lequel la CSST demandait à être remboursée en partie pour les 15 millions injectés, l'organisme a dû verser encore 7 millions à DMR pour rupture de contrat.

La CARRA, qui administre les régimes de retraite des fonctionnaires, est aussi enferrée dans un projet informatique qu'on a étalé dans le temps pour ne pas perdre la face.

Le ministère de la Justice vient de signer un autre de ces contrats à risque, de près de 50 millions de dollars, pour un «service d'information juridique».