Les nouvelles révélations quant aux liens entre la Mafia et l'industrie de la construction au Québec ont rebondi aujourd'hui à l'Assemblée nationale.

Pour la chef de l'Opposition péquiste, Pauline Marois, les reportages qui révèlent que la mafia recueille 5% des contrats obtenus par un cartel de 14 importants entrepreneurs québécois démontrent la nécessité de tenir rapidement une enquête publique sur l'industrie de la construction.

«Des gens courageux risquent gros à dénoncer le système parce que le gouvernement refuse de crever l'abcès et de faire éclater au grand jour la corruption qui sévit au Québec, a-t-elle dit en Chambre. Il faut briser la loi du silence et le régime de terreur.»

Pour le député bloquiste Stéphane Bergeron, le refus du gouvernement Charest de déclencher une enquête publique équivaut à cautionner le rôle de la mafia dans l'octroi de contrats publics aux entrepreneurs.

«En refusant obstinément la tenue d'une commission d'enquête, la seule façon de véritablement faire la lumière et le ménage, le Parti libéral se fait complice d'une combine érigée en système», a-t-il dit lors de la période des questions.

Une déclaration qui a irrité le leader parlementaire Jean-Marc Fournier.

«Il y a des mots qui ont été prononcés qui visent à juger, à qualifier le gouvernement, alors que toutes les preuves sont au contraire», a-t-il dit.

Dans un reportage diffusé hier à Radio-Canada, un inspecteur de la Sûreté du Québec (SQ) a dit qu'il y aurait collusion entre des grandes entreprises de la construction et la mafia. La police examine par ailleurs une partie de la preuve de l'opération anti-mafia Colisée afin de trouver des liens entre le clan Rizzuto et des entrepreneurs de l'industrie de la construction.

«Pendant combien de temps nos taxes vont-elles faire vivre la mafia?» a lancé Mme Marois à l'Assemblée nationale.

Mais pour le premier ministre Charest, les révélations de Radio-Canada démontrent justement qu'il faut s'en remettre aux enquêtes policières. Ces enquêtes sont les seules susceptibles de déboucher sur des accusations criminelles. Pour le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, ces informations viennent de l'Opération Colisée, de 2006, qui a justement permis de déposer des accusations envers 81 mafieux associés au clan Rizzuto.

-Avec La Presse Canadienne