Comme la France, le Québec devrait interdire le port du voile intégral dans tout l'espace public, estime le Collectif citoyen pour l'égalité et la laïcité (CCIEL).

De passage en commission parlementaire hier, la cofondatrice de ce groupe, Louise Mailloux, a jugé «trop timide» le projet 94 sur les demandes d'accommodement dans l'administration publique.

L'article 6 de ce projet de loi prévoit que les personnes qui donnent et celles qui reçoivent un service public doivent avoir «le visage découvert» lors de la prestation du service. Le CCEIL veut que le gouvernement soit «ferme face aux intégristes» et recommande une «interdiction générale du voile intégral au Québec».

Le niqab n'est pas qu'un «simple vêtement», il «symbolise l'oppression des femmes» et représente «l'étendard de l'islam politique le plus radical», a affirmé Louise Mailloux, professeure de philosophie. L'autre cofondatrice du CCIEL est Djemila Benhabib, auteure du livre Ma vie à contre-Coran.

La position de ce collectif va plus loin que celle du Parti québécois. Ce dernier veut interdire le port de signes religieux ostentatoires - dont le niqab - chez les employés de l'État; le port du voile intégral resterait permis dans l'espace public.

À l'opposé du CCIEL, l'Association canadienne pour les libertés civiles trouve «inquiétant» l'article 6 du projet de loi. Il pourrait avoir pour effet de priver des musulmanes qui portent le niqab d'obtenir des services ou de travailler dans le secteur public, a déploré sa porte-parole, l'avocate Nathalie Des Rosiers.

De son côté, la Fédération des commissions scolaires du Québec a donné son appui au projet de loi 94. Sa présidente, Josée Bouchard, a toutefois demandé au gouvernement d'encadrer l'octroi de congés pour des motifs religieux en modifiant la Loi sur les normes du travail.

Comme les conditions de travail sont encadrées par des conventions collectives, l'octroi de congés religieux à des membres du personnel peut être perçu comme un privilège et suscite parfois des «tensions», a-t-elle noté.