À quelques mois d'un Congrès où elle devra se soumettre à un vote de confiance auprès de ses troupes, Pauline Marois a dû défendre son leadership, qui a été attaqué par le premier ministre Jean Charest et le chef adéquiste Gérard Deltell.

M. Charest et M. Deltell se sont livrés à une attaque en règle à l'endroit de la chef péquiste lorsqu'ils ont été invités à commenter la possible création d'un parti qui compterait parmi ses rangs deux anciens membres de la famille péquiste: François Legault et Joseph Facal.

Mme Marois a déclaré qu'elle n'était pas inquiète au sujet de son leadership.

Les délégués péquistes se prononceront sur le leadership de Mme Marois à l'occasion du XVIè Congrès du parti à la mi-avril à Montréal. La chef du Parti québécois a toutefois refusé de préciser quel était son objectif - ou même si elle s'en était fixé un -, et si un résultat insatisfaisant la pousserait à céder sa place.

«En matière de vote de confiance, on a deux jurisprudences, si vous me le permettez, deux cas d'espèce: l'un, à 76 pour cent est resté (Lucien Bouchard) et l'autre est parti (Bernard Landry)», a mentionné Mme Marois.

La journée avait mal débuté pour Mme Marois alors que Jean Charest, qui participait au sommet de la Francophonie à Montreux, en Suisse, avait affirmé que le débat sur un hypothétique troisième parti était une «répudiation» de Mme Marois.

«Il me semble qu'il faut être culotté et sans gêne pour faire une telle affirmation», s'est indignée Mme Marois lors de la conférence de presse qui s'est tenue à l'issue du conseil national de son parti à St-Hyacinthe. «Si j'étais répudiée, je le serais par deux ou trois personnes alors que lui, il est répudié par la majorité de la population.»

Le député de Marie-Victorin, Bernard Drainville, a accueilli les propos de Jean Charest avec un sourire en coin. Selon lui, le seul chef affaibli au Québec s'appelle Jean Charest.

Tout en soutenant que Mme Marois a la confiance entière de ses membres, M. Drainville a reconnu que Bernard Landry avait jeté un pavé dans la mare en déclarant que le PQ était plus obsédé par l'idée de gouverner que de faire l'indépendance.

«Je ne sais pas pourquoi il a dit ça. Il faut le lui demander», a-t-il affirmé.

Deltell en rajoute

Par ailleurs, lors d'une entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne, dimanche, le chef adéquiste s'est fait une joie d'en remettre en déclarant que Pauline Marois, «avec trente années de politique derrière elle, véhicule des idées qui ne correspondent plus aux valeurs des Québécois».

Il a ajouté que François Legault avait été une «figure de proue» pendant une dizaine d'années au PQ avant de quitter en juin 2009 et que l'éventualité qu'une aussi grosse pointure préfère une autre mouvance politique «affaiblissait considérablement» le parti de Mme Marois.

Même si elle a ressenti le besoin d'«évacuer» le sujet lors de son discours d'ouverture, samedi, Mme Marois a précisé qu'elle l'avait fait «parce qu'elle sentait le besoin de s'amuser un peu» et que le prétendu parti n'en était pas un.

Elle a cependant affirmé que l'émergence de mouvements de droite comme le Réseau Liberté Québec, qui avait organisé un rassemblement samedi, ne représentait pas une menace ou un danger pour le PQ.