Le Réseau Liberté-Québec ne fait pas dans la dentelle lorsque vient le temps de proposer des solutions aux maux qui affligent l'État québécois.

Il faut passer les programmes sociaux à la hache et remettre au pas les trop nombreux groupes d'intérêt, syndicats en tête, qui imposent leurs quatre volontés au gouvernement, estime le cofondateur du RLQ, Éric Duhaime.

Ancien conseiller de Mario Dumont, M. Duhaime et sa collègue Johanne Marcotte, réalisatrice du documentaire «L'Illusion tranquille», attendent 450 personnes samedi à Québec pour partager leur vision d'un Québec tourné vers le libéralisme économique.

À ses yeux, il est plus que temps de briser le «consensus de gauche» qui anime les deux grands partis politiques au Québec.

«Prenez par exemple les garderies à 7 $. C'est le système le plus généreux en Amérique du Nord alors que nous sommes le 57e État sur 50 en termes de richesse. Nous sommes obligés de recevoir 8,5 milliards $ de péréquation du reste du Canada parce qu'on est trop pauvres. Il y a quelque chose qui ne marche pas», pense M. Duhaime.

Le Québec, selon lui, ne pourra pas continuer de pelleter aux générations futures le coût de ses programmes sociaux les plus généreux.

Comme l'Islande et la Grèce, le jour n'est pas si loin où les milieux financiers viendront imposer des réformes radicales, prédit-il.

«Nous sommes le cinquième État le plus endetté au monde. Si nos politiciens ne sont pas capables de faire le ménage, un banquier viendra sonner à la porte et lui, il va faire le ménage. Je ne suis pas sûr que sa médecine va nous plaire», soutient M. Duhaime.

Pour éviter la catastrophe et remettre l'État sur les rails, les Québécois, affirme-t-il, devront cesser de se laisser distraire par le débat constitutionnel et adopter des mesures drastiques.

«Il faut élire un gouvernement qui va mettre la hache, estime M. Duhaime. Il va falloir que tout le monde mette la main à la pâte, il n'y a pas un petit groupe d'intérêt qui va être épargné, il va falloir que tous passent à la caisse.»

Le Réseau Liberté-Québec n'est pas et n'envisage pas de devenir un parti politique. C'est un groupe de réflexion, un «réseautage» de citoyens à tendance conservatrice qui veulent exercer une influence sur la classe politique québécoise, explique le cofondateur du RLQ.

Parmi les personnalités attendues samedi figurent le député conservateur Maxime Bernier, l'ex-ministre péquiste Jacques Brassard, le chef de l'ADQ Gérard Deltell et le député indépendant Éric Caire.

MM. Bernier et Deltell animeront notamment un atelier sur le nationalisme. Des conférences sur «l'écoscepticisme», l'équité intergénérationnelle et la liberté d'expression sont aussi à l'horaire.

François Legault, que bon nombre de commentateurs voient comme la prochaine voix politique du centre-droit au Québec, ne sera pas du rassemblement. Ni du reste Joseph Facal, que l'on dit associé à la réflexion de M. Legault.

«Je ne suis pas sûr de savoir où ils s'en vont, je ne suis pas sûr qu'ils le savent eux-mêmes. Ni l'un ni l'autre n'ont annoncé leur couleur. Tout ce qu'on a c'est du «spin» médiatique. Nous, nous sommes plus avancés dans le processus. On veut réunir les gens qui pensent que le gouvernement est trop gros, qu'il prend trop de place», résume Éric Duhaime.

Le RLQ n'est pas surpris de l'engouement que suscite chez les électeurs l'entrée en scène possible d'un nouveau parti politique au Québec. Que ce soit François Legault, Lucien Bouchard ou Mario Dumont, les Québécois sont prêts à applaudir toute personnalité capable de combler «le vide» politique au Québec, selon M. Duhaime.

«Les Québécois sont disposés à donner les clés du «char» à n'importe qui sauf Jean Charest et Pauline Marois. Cela témoigne d'un vide au centre-droit et du fait que les gens n'ont pas confiance aux vieux partis», analyse-t-il.

L'Action démocratique du Québec dirigée par Gérard Deltell a-t-elle encore un avenir? L'ancien collaborateur de Mario Dumont reste prudent.

«La cote de Gérard Deltell n'est pas si mauvaise. Les gens qui ont une opinion négative de Gérard Deltell sont peu nombreux et il y a un bon nombre de gens qui ont une opinion positive. Mais là ou ça fait mal, c'est qu'il y a encore beaucoup de gens qui n'ont pas d'opinion. Je pense que les Québécois ne l'ont pas encore découvert», avance-t-il.