L'implantation de radars photo dans l'ensemble du territoire québécois à compter de l'an prochain ne fait guère de doute. Du côté politique comme chez les policiers, on n'y voit pas d'obstacle.



La question devra tout de même être discutée au préalable à la Commission des transports de l'Assemblée nationale, a rappelé mercredi le ministre des Transports, Sam Hamad. Dans le passé, les partis de l'opposition avaient bloqué bien des propositions de l'ancienne titulaire des Transports Julie Boulet.

M. Hamad estime que les radars photo sont «une mesure phare pour renforcer la sécurité routière». «Ils agissent positivement sur le comportement des automobilistes», selon lui.

Les 15 appareils installés depuis un an à titre de projet pilote à Montréal, en Montérégie et dans Chaudière-Appalaches, ont «presque éliminé les grands excès de vitesse». Les excès de vitesse ont régressé de 63% et, dans le voisinage des radars photo fixes, la vitesse a diminué de 12km/h, comme l'a indiqué La Presse mercredi. Dans le cas des appareils mobiles, la réduction est de 9km/h.

On estime qu'une réduction de 1km/h fait reculer de 3% le nombre d'accidents routiers. Grâce aux appareils, il y a probablement eu cette année un décès et une soixantaine de blessés de moins, estime M. Hamad.

Sur la base de l'expérience pilote, on estime que les accidents ont diminué de 20 à 30%. Les automobilistes contestent une contravention sur quatre produites par ces dispositifs, mais ils sont déboutés dans 95% des cas.

Conditions

Du côté des policiers comme de l'opposition, on est ouvert à l'implantation du système à certaines conditions. «Il ne faut pas oublier que cela ne remplace pas un policier. Le radar ne vérifie pas le permis, l'identité du conducteur; c'est un complément au travail du patrouilleur», dit Jean Guy Dagenais, le président de l'Association des policiers provinciaux (le syndicat des 5200 agents de la SQ). «Si cela permet de sauver une vie, de réduire le nombre des accidentés de la route qui représentent un fardeau financier important, alors, on ne peut pas être contre», résume-t-il.

Nicolas Girard, critique du PQ en matière de transports, se dit «favorable» à l'implantation, bien qu'il faille selon lui «accueillir avec prudence ces résultats très préliminaires».

«Déjà, en 2007, en étant favorable, on avait dit qu'il ne fallait pas se précipiter. Il y avait un problème d'acceptabilité sociale. Au lieu de 100 appareils, on avait mis en place un projet pilote avec 15» rappelle-t-il.

Surtout, insiste-t-il, ces nouveaux appareils «ne doivent pas servir de prétexte pour réduire la surveillance policière».

Sylvie Roy, porte-parole de l'ADQ, estime que ces appareils «sont surtout des planches à imprimer de l'argent». On les place sur les autoroutes «alors qu'on sait bien que 80% des accidents mortels se produisent sur des routes secondaires». «Avec les 15 millions dépensés pour les machines, on aurait pu avoir 100 policiers de plus», soutient-elle.

Le projet pilote des 15 appareils s'est grosso modo «autofinancé» - il est resté un peu plus de 1 million de dollars en recettes excédentaires une fois payés les 15 millions nécessaires à l'acquisition des appareils. Le ministre et ses fonctionnaires se gardent bien de prédire les recettes éventuelles d'un réseau couvrant l'ensemble du Québec, mais M. Hamad assure que tous les revenus devront aller dans des fonds consacrés à la sécurité routière.