L'opposition a été surprise hier matin en consultant le nouveau projet de loi 115. Quatre articles concernaient spécialement le collège Stanstead et la Bishop's College School, situés en Estrie. Ces articles ne figuraient nulle part dans l'ancien projet de loi 103.

Une école a normalement l'un des trois statuts suivants: publique, privée non subventionnée et privée subventionnée (agréée). Stanstead et Bishop's sont agréées.

Depuis l'entrée en vigueur de la loi 101, elles refusent toutefois les subventions. Mais elles gardent quand même leur statut d'école agréée, et le gouvernement continue de cotiser à leurs régimes de retraite, comme il le fait pour les autres écoles agréées.

Le ministère de l'Éducation dit avoir reçu, «il y a quelques semaines», des questions de parents qui voulaient y inscrire leurs enfants.

«Ces écoles se retrouvent entre deux chaises, dit Dave Leclerc, attaché de presse de la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp. Sont-elles agréées ou non subventionnées? C'est important de le savoir, car ça changera le pointage avec la loi 115.»

La nouvelle loi permettra à un francophone ou à un allophone de fréquenter le réseau public anglais s'il a passé trois années dans une école non subventionnée et s'il récolte 15 points à un test évaluant «l'authenticité» de son parcours.

Le gouvernement continuera de contribuer au régime de retraite de ces écoles seulement si elles restent agréées.

François Rebello, critique du Parti québécois en matière de travail, évalue à 500 000$ la contribution annuelle du gouvernement. «Ces deux écoles veulent le beurre et l'argent du beurre: pouvoir servir d'écoles passerelles et être financées pour leur caisse de retraite», dénonce-t-il.

Stanstead et Bishop's étaient elles-mêmes étonnées d'apparaître dans la loi 115. C'est La Presse qui a appris la nouvelle hier en fin d'après-midi à Ian Watt, headmaster de Bishop's, et à Ross Murray, directeur des communications de Stanstead. Les deux voulaient consulter la loi avant de la commenter.

La Presse Canadienne a révélé hier que, dans les 10 dernières années, 22 dirigeants de 6 écoles passerelles de la région de Montréal ont versé un total de 110 880$ à la caisse du PLQ. Un dirigeant de Lower Canada College a versé 27 000$, soit un peu moins que le maximum permis de 30 000$.