Devant la controverse grandissante entourant l'exploitation du gaz de schiste au Québec, le Parti québécois demande un moratoire sur l'émission de nouveaux permis, «tant qu'il n'y aura pas une étude approfondie du BAPE», a expliqué la chef du parti, Pauline Marois.

Réunis en caucus à Salaberry-de-Valleyfield depuis deux jours, les 51 députés péquistes ont passé une partie de la matinée à définir la position de leur parti sur cet enjeu. «Nous avons pris position après un débat en profondeur, a assuré Mme Marois. On dit: oui à l'exploitation du gaz de schiste, mais pas n'importe comment, pas à n'importe quel prix, et surtout, que ce soit au profit des Québécois. Nos ressources naturelles font partie de notre patrimoine, et ce n'est pas vrai qu'on va accepter qu'elles soient bradées à n'importe quel prix.»

Le PQ propose une démarche en plusieurs étapes pour s'assurer des impacts de l'exploration et de l'exploitation du gaz de schiste. Pendant le moratoire et à l'issue de l'étude «complète et globale» du BAPE, on demande la mise sur pied d'une commission itinérante sur l'indépendance énergétique et, finalement, l'adoption d'une loi sur les hydrocarbures. Cette prudence, dit Mme Marois, est en net contraste avec l'attitude du gouvernement Charest jusqu'à maintenant. «On se retrouve actuellement devant un gouvernement qui improvise jour après jour. La meilleure preuve, c'est l'annonce la semaine dernière des audiences du BAPE avec un mandat très restreint, pour pouvoir dire après qu'on aura consulté la population.»

Bien qu'elle admette que son parti a «fait son lit» en matière d'énergie, privilégiant les sources d'énergie renouvelables, elle croit qu'on ne peut tourner le dos au gaz et au pétrole. «C'est le genre de questions qu'il faut poser. On demande un moratoire pour avoir une vue d'ensemble. Nous croyons que nous devons créer de la richesse et qu'elle doit rester aux Québécois. La question est de savoir qui les exploitera et comment s'assurer que les retombées soient les plus importantes possibles au Québec.»

L'exploitation, a précisé à plusieurs reprises Mme Marois, devra répondre à des critères incontournables: «Nous le ferons à partir du moment où on aura des garanties quant à la protection de la santé du public, quant à l'acceptabilité sociale et quant aux impacts sur l'environnement dans une perspective de développement durable.»

Quant à la délicate question de la nationalisation de cette industrie, évoquée par certains opposants, la chef du PQ l'estime prématurée. «Nous n'avons pas débattu des moyens à prendre. Il y a des participations qui peuvent être prises dans des entreprises, il y a des sociétés mixtes qui peuvent être bâties, on a des grandes sociétés d'État qui pourraient être appelées à investir sans nécessairement nationaliser. Toutes ces avenues doivent être évaluées.»