Le fossé s'est de toute évidence rétréci entre Québec et le front commun syndical sur l'enjeu, crucial, des augmentations de salaires à la suite d'une rencontre au sommet qui s'est tenue mardi soir. Jean Charest s'est engagé à déposer une offre globale et finale aux employés de l'État d'ici la fin de semaine.

Le premier ministre avait convoqué Claudette Carbonneau (CSN), Michel Arsenault (FTQ) et Réjean Parent (CSQ) à une réunion à ses bureaux de Québec. Cette rencontre, à laquelle participait également la présidente du Conseil du Trésor Monique Gagnon-Tremblay, a duré environ deux heures, prenant fin un peu avant 23h.À la sortie de la rencontre, les chefs syndicaux puis la présidente du Conseil du Trésor, Monique Gagnon-Tremblay, ont qualifié les discussions de «très fructueuses». «Ce fut une rencontre intéressante, assurément productive. Il n'y a pas d'entente ce soir. Le premier ministre a demandé un délai de réflexion jusqu'à la fin de la semaine», a affirmé Claudette Carbonneau, laissant entendre que le front commun avait fait une nouvelle proposition.

Tout aussi confiant d'en arriver à un règlement négocié bientôt, Michel Arsenault a indiqué que «le premier ministre s'est engagé à présenter une offre globale totale et finale d'ici la fin de semaine».

«On a eu des discussions franches et transparentes. Je pense que ça a été fort productif. Ça nourrit nos espoirs», a dit de son côté Réjean Parent, qui représente également le Secrétariat intersyndical des services publics, composé du Syndicat de la fonction publique, celui des professionnels du gouvernement, la FIQ (infirmières), l'APTS et la CSQ.

Nouvelle proposition

Monique Gagnon-Tremblay a elle aussi laissé entendre que le front commun avait fait une nouvelle proposition. «On va prendre le temps de prendre en considération ce qu'on nous a demandé. On va prendre le temps d'étudier, et on verra», a-t-elle dit.

Les chefs syndicaux et Mme Gagnon-Tremblay ont été avares de détails sur les concessions ou propositions faites de part et d'autre. Il semble toutefois acquis que les parties s'entendront sur un contrat de travail d'une durée de cinq ans comme le voulait le gouvernement. Le front commun réclamait une convention collective de trois ans.

L'offre initiale du gouvernement Charest prévoit des augmentations salariales de 5% en cinq ans, ce qui équivaut à 1,6 milliard de dollars. Mais jusqu'à 2% - et non plus 1,5% - pourraient s'ajouter si la croissance économique est plus élevée que celle prévue par le gouvernement. L'offre passerait ainsi à 2,3 milliards. «On n'a pas eu devant nous un gouvernement qui nous a dit que c'était à prendre ou à laisser», a dit Claudette Carbonneau après la rencontre au sommet.

Le front commun demande une hausse salariale de 11,25% en trois ans - ce qui équivaut à trois milliards de dollars, selon lui.

Avant le début de la réunion avec les chefs syndicaux, Jean Charest se disait «très encouragé par le chemin parcouru» dans les pourparlers avec les syndicats. Jusqu'à maintenant, Québec a conclu des ententes de principe sur les conditions de travail pour 84% des syndiqués représentés par le front commun, c'est-à-dire 400 000 des 475 000 employés de l'État. Un seul syndicat majeur ne s'est pas entendu avec le gouvernement, la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), qui représente 58 000 infirmières.

La FIQ à part

Toutes les ententes sectorielles sont conditionnelles à la conclusion d'un accord sur les salaires - enjeu discuté à la table centrale. De son côté, la FIQ a peu d'espoir de parvenir à une entente sectorielle à court terme. «Les négociations sont toujours difficiles», a affirmé sa présidente, Régine Laurent. Elle n'est pas prête à accepter les termes des ententes de principe conclues avec d'autres syndicats représentant des infirmières.

Régine Laurent ne voit aucun problème à ce que le front commun parvienne à un accord sur les salaires, à la table centrale, avant que son syndicat parvienne à une entente sectorielle avec le gouvernement. «Nous n'allons pas bloquer l'ensemble du front commun. Ce serait injuste. On a fait des choix, et on va vivre avec», a-t-elle dit.

Le gouvernement et le front commun veulent parvenir à une entente négociée avant la fin du mois. Les conventions collectives sont échues depuis le 31 mars.