Critiquée par le Vérificateur général, la formule du partenariat public-privé (PPP) a trouvé un nouveau défenseur. Le premier ministre Charest a plaidé hier en faveur d'une formule qui permet plus de «prévisibilité».

Le PPP «va nous permettre de construire des hôpitaux universitaires, une chose que le PQ n'a jamais été capable de faire», a soutenu hier M. Charest dans une sortie qui tranchait avec la prudence dont avait fait preuve la veille la responsable du Trésor, Monique Gagnon-Tremblay.

 

Même si Infrastructure Québec compte revoir tout le dossier du CHUM pour arriver à une décision à la fin de l'été, M. Charest paraît déterminé à foncer: «Il y aura appel d'offres pour le CHUM à l'automne, et la construction de la première phase va commencer au printemps 2011.»

Rapport accablant

Dans un rapport accablant publié mercredi, le vérificateur Renaud Lachance relève que le gouvernement s'est fondé sur des calculs erronés pour choisir de recourir au PPP pour la construction des hôpitaux universitaires francophone et anglophone.

La présidente du Conseil du Trésor, Monique Gagnon-Tremblay, avait paru déstabilisée par ces révélations. Hier encore, elle disait «partager les préoccupations» du vérificateur, tout en soulignant que celui-ci n'avait pas adressé de «blâme formel» au gouvernement.

La chef du Parti québécois, Pauline Marois, estime que Mme Gagnon-Tremblay a fait un «aveu incroyable» en soutenant qu'elle n'avait rien appris de neuf dans ce nouveau rapport du vérificateur. «Avec cette logique, depuis des mois, le gouvernement est informé des irrégularités, des situations inacceptables dénoncées par le vérificateur. Le pire dépassement de coût de l'histoire du Québec, et la ministre a fermé les yeux», a-t-elle lancé.

Si le gouvernement Charest avait poursuivi le projet qu'il avait devant lui quand il a pris le pouvoir en 2003, il y aurait un hôpital au 6000, rue Saint-Denis, «et des malades se feraient traiter maintenant», a ajouté Mme Marois.

Sylvain Simard, député péquiste de Richelieu, croit pour sa part que le dossier du Centre de recherche du CHUM prend une tout autre couleur quand on apprend que la firme qui, seule soumissionnaire, a obtenu le mandat est dirigée par une personne proche du PLQ.

Le groupe Accès recherche CHUM compte parmi ses membres Fiera-Infrastructure, dont le président et chef de la direction est Pierre Anctil, ex-directeur du PLQ et homme de confiance de l'ex-premier ministre Daniel Johnson. M. Anctil, après avoir quitté la politique, a fait une longue carrière dans le génie-conseil, chez SNC-Lavalin.

Selon M. Simard, M. Anctil a «participé à la définition et à l'élaboration du contrat», une situation que désapprouve le Vérificateur général. En plus du «juteux contrat», M. Anctil a obtenu 325 dérogations en deux mois, a insisté M. Simard.