Expulsé du caucus libéral parce qu'il a détenu une carte de crédit appartenant à une agence de sécurité controversée, l'ancien ministre de la Famille, Tony Tomassi, s'est montré résolu, mercredi, à demeurer dans ses fonctions de député indépendant.

Invisible à l'Assemblée nationale à la suite de son renvoi précipité il y a un mois, M. Tomassi est arrivé au parlement, mercredi, après la période des questions.

Lors d'un bref échange avec La Presse Canadienne, alors qu'il marchait dans un des corridors de l'édifice, M. Tomassi a refusé de s'expliquer sur les faits qui ont provoqué son départ.

L'ex-ministre a toutefois affirmé qu'il souhaitait continuer de représenter les électeurs de la circonscription de LaFontaine où il a été élu, dans l'est de Montréal.

«J'ai été élu et je vais m'occuper de mes citoyens», a-t-il dit.

M. Tomassi n'a pas voulu dire s'il avait utilisé une carte de crédit appartenant au Bureau canadien d'investigations et ajustements (BCIA) ou s'il avait été interrogé par la police au cours des derniers jours relativement à ce dossier.

«Je ne réponds rien», a-t-il dit.

Au moment où il l'a chassé du caucus, le premier ministre Jean Charest avait jugé les faits suffisamment troublants pour demander à la Sûreté du Québec de faire enquête.

Selon M. Charest, M. Tomassi a confirmé qu'il a utilisé une carte de crédit d'une compagnie pétrolière appartenant à l'agence de sécurité BCIA, alors qu'il était député, soit avant sa nomination comme ministre de la Famille, en décembre 2008.

Le jour même où il a pris connaissance de ces informations, M. Charest a exigé qu'il quitte ses fonctions de ministre ainsi que le caucus libéral.

Au cours des mois précédents, M. Tomassi était devenu une des cibles préférées de l'opposition péquiste, qui a multiplié à son endroit les allégations de favoritisme dans l'octroi de places en garderies.

Les liens de M. Tomassi avec Luigi Coretti, le patron de BCIA, ont incité le Directeur général des élections à amorcer une enquête afin de déterminer si des infractions à la loi électorale ont été commises lors d'activités de financement du Parti libéral du Québec impliquant les deux hommes.

Le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, a aussi dû s'expliquer sur les raisons qui l'ont mené à recevoir M. Coretti relativement à un permis de port d'arme que la Sûreté du Québec avait refusé à l'homme d'affaires.

Le directeur démissionnaire du Service de police de la Ville de Montréal, Yvan Delorme, a quant à lui reconnu vendredi dernier qu'il avait commis des erreurs dans l'attribution de mandats de sécurité à la firme BCIA, notamment pour la surveillance du quartier général du corps policier.

A la fin de mai, BCIA, qui a bénéficié d'une garantie de prêt de 1,3 million $ d'Investissement Québec, une société d'Etat, a fait faillite. L'entreprise employait 800 agents de sécurité.