L'approche du «toujours plus» de pouvoirs vers la souveraineté que doit contenir le futur programme électoral du Parti québécois s'apparente à l'approche Parizeau, qui voulait provoquer des querelles pour favoriser le projet souverainiste, estime le premier ministre Jean Charest.

Le quotidien Le Soleil a révélé dans son édition de lundi que le projet de programme électoral du Parti québécois qui serait soumis aux instances, le 19 juin, serait plus «étapiste», c'est-à-dire basé sur le principe du «toujours plus» de pouvoirs et de compétences pour le Québec, de manière à atteindre la souveraineté complète du Québec par étapes, au fil du temps.

Interrogé à ce sujet, lundi, après qu'il eut pris la parole devant les participants à la Conférence de Montréal, le premier ministre Charest s'est moqué du projet de programme électoral, n'y voyant guère de différence avec l'approche de l'ancien premier ministre et chef péquiste Jacques Parizeau.

M. Parizeau avait déjà laissé entendre que les mésententes ou «chicanes» entre le Québec et le gouvernement fédéral avaient eu comme effet, historiquement, de favoriser la montée de l'option souverainiste parce qu'elles démontraient le mauvais fonctionnement du fédéralisme canadien. Fait à noter, M. Parizeau avait soutenu avoir été mal cité ou mal compris quand ses propos avaient été rapportés dans quelques médias.

«Ce que j'ai vu venant du Parti québécois sur le document qu'ils doivent rendre public n'annonce rien de bon sur la priorité économique pour le Québec et, pour le reste, c'est la stratégie de Jacques Parizeau de cultiver chicane après chicane, référendum après référendum», a commenté M. Charest.

Quand on lui a rappelé que les précédents gouvernements du Parti québécois ont toujours soutenu être capables de traiter à la fois d'économie et du projet souverainiste, M. Charest a répliqué: «je vous avoue que dans un cas comme dans l'autre, sur le plan économique, ça n'annonce rien de bon. S'ils voulaient parler des deux, ils ne parlent que d'un seul sujet. Et le seul sujet qu'ils semblent vouloir cultiver, c'est la chicane, chicane qui va être constante et entretenue avec le reste du Canada», a-t-il prévenu.

De son côté, la chef péquiste Pauline Marois n'a pas nié le sens de ce document sur le futur programme électoral du PQ, invitant les gens à attendre au 19 juin.

Elle a toutefois avisé qu'il n'y aurait «pas de très grande surprise» dans ce futur programme. «C'est un plan d'action pour un gouvernement souverainiste; on se remet en marche vers la souveraineté.»

L'idée est de «faire avancer le Québec vers toujours plus de souveraineté et vers sa souveraineté», a-t-elle résumé.

Manif

La présence du premier ministre Charest à la Conférence de Montréal a amené son lot de manifestants, environ 75 membres de la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics y ayant fait connaître leur désaccord avec les hausses de tarifs et de taxes du budget Bachand.

«Ce qu'on déplore du dernier budget, justement, c'est que la responsabilité fiscale, on la transfère à la classe moyenne et aux gens dans la population qui sont les plus pauvres», a déploré son porte-parole, François Saillant.

La coalition propose de revoir la fiscalité, notamment pour augmenter les impôts des entreprises les plus riches et des contribuables les plus riches, ainsi qu'en augmentant le nombre de paliers d'imposition.

Cette coalition manifeste sans relâche depuis le dépôt du budget Bachand, qui annonçait une hausse de la taxe de vente du Québec et une contribution santé, notamment.

«Non, le gouvernement n'a pas changé de cap et on ne s'attend pas à ce qu'il change de cap prochainement. C'est pour ça qu'on a annoncé que la coalition entendait avoir un plan de travail à l'automne plus dérangeant que c'est le cas à l'heure actuelle», a prévenu M. Saillant.