Le gouvernement Charest a rejeté la motion de l'opposition exigeant la tenue d'une enquête publique sur l'industrie de la construction, l'attribution de contrats gouvernementaux et le financement des partis politiques. Qu'à cela ne tienne, «nous ne lâcherons pas», promet la chef du Parti québécois, Pauline Marois.

La motion a été mise aux voix en fin d'après-midi mercredi et 59 députés libéraux ont voté contre, alors que 54 députés de l'opposition l'ont appuyée. Le libéral Pierre Paradis brillait par son absence au moment du vote alors qu'il était en Chambre pour la période des questions en matinée. «Il avait obtenu la permission de quitter pour aller dans sa circonscription», a expliqué l'attachée de presse de l'aile parlementaire libérale, Andrée-Lyne Hallé, sans pouvoir préciser la nature des obligations de M. Paradis.Quelques heures plus tôt, Pauline Marois avait lancé un appel aux députés libéraux «pour qu'ils exercent leur droit de vote librement et qu'ils indiquent à M. Charest que la seule façon de rétablir la confiance des citoyens est de tenir cette commission d'enquête». Selon elle, des libéraux sont «très mal à l'aise avec l'entêtement de M. Charest».

Arborant un foulard blanc, symbole de leur cause, Mme Marois, des députés de son parti, le député de Québec solidaire Amir Khadir et les députés indépendants autrefois de l'ADQ, Éric Caire et Marc Picard, s'étaient réunis sur le parvis du parlement pour une conférence de presse avant la débat sur la motion. Afin d'augmenter la pression sur les libéraux, ils étaient accompagnés de chefs syndicaux dont Jean-Guy Dagenais, des policiers de la SQ et de Ryan Hillier, du groupe Corruption Zéro, tous en faveur d'une enquête publique.

Questionnée sur le recours éventuel à une obstruction des travaux parlementaires, Mme Marois a répondu: «Je ne veux pas parler de stratégies ou de tactiques qui pourraient être utilisées. On verra ça avec les autres collègues de l'opposition. (...) Je ne veux pas que vous tiriez comme conclusion que c'est possible.»

Pour Jean-Guy Dagenais, les enquêtes policières, voie privilégiée par le gouvernement, ne suffisent pas pour faire «toute la lumière sur ce dossier». «J'avais dit que l'opération Marteau est une bonne chose. Cependant, il y a loin de la coupe aux lèvres et les résultats vont se faire attendre. Oui, il y a certains dossiers qui sortent. On me dit que des petits poissons auraient été saisis», mais pas «des requins blancs», a-t-il expliqué. Il a nié que sa présence aux côtés de l'opposition ait un lien avec les négociations entre le gouvernement et les policiers au sujet de leur convention collective. Les autres chefs syndicaux présents étaient Claudette Carbonneau (CSN) et Lucie Martineau (Syndicat de la fonction publique), aussi en négociations avec Québec. L'ADQ, sans être de la coalition des «foulards blancs», appuie toujours la tenue d'une enquête publique.