Le premier ministre Jean Charest renonce à la prime annuelle de 75 000 $ que lui donne son parti pour faire débloquer les négociations avec l'opposition et permettre l'adoption de son projet de loi sur l'éthique.

«Mon salaire du Parti libéral du Québec de 75 000 $, j'ai toujours cru que c'était légitime pour un parti politique de pouvoir poser ce geste-là», a-t-il expliqué ce matin à l'entrée d'une réunion de son caucus. Mais cette prime, même si elle ne pose pas un problème éthique à ses yeux, est devenue un «obstacle» à l'adoption du projet de loi 48. «Je pense que le projet est important à ce point que je suis prêt à renoncer aux 75 000 $ pour faire adopter ce projet de loi», a affirmé M. Charest.

La semaine dernière, devant l'Union des municipalités du Québec, Jean Charest avait déclaré qu'il tient à ce que le projet de loi 48 soit adopté d'ici le 11 juin. Ce projet, déposé il y a un an, prévoit la création d'un code de déontologie pour les députés et un poste de commissaire à l'éthique. Le gouvernement veut ramener le projet de loi en commission parlementaire la semaine prochaine pour en faire l'étude détaillée.

Le Parti québécois a posé deux conditions à l'adoption du projet. Il demande que le premier ministre renonce à sa «rallonge». Rappelons que cette rémunération de 75 000 $ est versée à M. Charest en sus de son salaire de premier ministre de 175 045 $.

Le PQ veut également qu'un ministre ne puisse posséder une entreprise qui fait affaire avec le gouvernement. Cette condition est déjà respectée, puisque l'affaire Whissell a réglé la question et a ramené cette interdiction dans les règles éthiques du conseil des ministres, estime le gouvernement.

Jean Charest reçoit 75 000 $ par an du PLQ depuis son arrivée à la tête du parti en 1998. L'existence de cette prime n'a toutefois été connue qu'en 2008. C'est le président du PLQ d'alors, Jean D'Amour, aujourd'hui député de Rivière-du-Loup, qui l'avait révélé, plongeant son chef dans l'embarras.

Jean Charest n'a pas l'intention de toucher sa pension du fédéral - à laquelle il a renoncé en faisant le saut au provincial - pour compenser la perte de sa prime.

En décembre dernier, M. Charest justifiait son refus de renoncer aux 75 000 $. Cette prime, «c'est ce que le Parti libéral du Québec et moi avons convenu pour que je puisse avoir ce qu'il me faut pour vivre», disait-il.