Le Directeur général des élections (DGE) ouvre une autre enquête sur le financement d'une association libérale, cette fois celle de Montmagny-L'Islet.

Les inspecteurs vérifieront si les contributions des présidents de quatre festivals de Saint-Jean-Port-Joli ont été faites en toute légalité, a indiqué hier une porte-parole du DGE, Audrey Garon. Un reportage de Radio-Canada a révélé qu'un bénévole libéral leur avait suggéré de se faire rembourser leurs dons à même les budgets de leurs festivals. Or, c'est une pratique illégale.

Selon la loi électorale, «toute contribution doit être versée par l'électeur lui-même et à même ses propres biens». Elle ne peut faire l'objet d'un remboursement.

Quatre contributions

Les quatre présidents ont donné 500 $ chacun au PLQ afin de remercier le député libéral Norbert Morin, a indiqué Radio-Canada. Saint-Jean-Port-Joli venait d'obtenir des gouvernements plus de 1 million de dollars pour la construction d'un chapiteau destiné à ses festivals. Un bénévole libéral, Gaétan Caron, avait invité les quatre présidents à faire une contribution au PLQ en participant à un souper-bénéfice.

Toujours selon la société d'État, M. Caron, qui est également président de la Corporation des fêtes de Saint-Jean-Port-Joli, leur a proposé de se faire rembourser le prix des billets par leurs organismes. Notons que le conseil d'administration de la fête des Chants marins n'a pas voulu rembourser sa présidente, Louise Fortin.

Le DGE, Marcel Blanchet, a décidé d'ouvrir une enquête sur-le-champ, sans passer par l'étape des «vérifications». «Comme des personnes ont témoigné à visage découvert, que ce ne sont plus seulement des allégations, on ouvre une enquête au sujet de ces contributions qui auraient été remboursées», a expliqué Audrey Garon.

Le député se défend

Le député de Montmagny-L'Islet, Norbert Morin, assure que son association de circonscription respecte la loi. «Ça fait longtemps qu'on fait du financement. Et on suit les règles», a-t-il affirmé. Il a refusé de répondre à la question de savoir si Gaétan Caron avait bien agi en suggérant aux présidents de se faire rembourser leurs contributions. M. Caron est «quelqu'un de Saint-Jean-Port-Joli qui est respecté» et «un grand bénévole», a-t-il souligné.

La députée péquiste Agnès Maltais estime que Norbert Morin «approuve» par ses réponses le comportement de M. Caron. «Selon les informations qui nous ont été transmises, le député connaissait ce fonctionnement et était présent lors de la demande de financement des festivals», a souligné la leader parlementaire adjointe du PQ.

«C'est déjà immoral de lier argent public et caisse électorale ; quand on apprend que (...) M. Caron a expliqué au président du festival comment se faire rembourser par l'OBNL, cela devient carrément illégal», a-t-elle ajouté. Elle a exigé des «sanctions» contre l'association libérale.

Manque d'information

«Il y a un manque d'information important de la part des gens qui recueillent des fonds», a reconnu le ministre responsable de la loi électorale, Robert Dutil, un manque qui existe également «dans les autres partis», selon lui. Un projet de loi sur le financement politique déposé l'automne dernier à l'Assemblée nationale «remédiera aux faiblesses qui ont été découvertes au fil du temps» dans le système actuel. Le député Morin «n'a rien commis d'illégal, a respecté la loi comme il se doit», a-t-il noté.

Le DGE a déjà ouvert une enquête sur certains éléments du financement de l'association libérale de Laviolette, la circonscription de la ministre des Transports, Julie Boulet. Il fait également des «vérifications» auprès des associations de circonscription des ministres Michelle Courchesne (Fabre, à Laval) et Norman MacMillan (Papineau, en Outaouais). Ces trois ministres avaient déclaré que les dons d'entreprises sont permis, alors qu'ils sont au contraire illégaux.