Le Directeur général des élections (DGE) amorce des vérifications pour s'assurer que 20 employés travaillant pour des firmes de génie-conseil n'ont pas agi à titre de prête-noms lorsqu'ils ont versé des contributions politiques, principalement au Parti libéral du Québec.

Ces personnes faisaient partie des 123 dirigeants ou employés à qui le DGE avait demandé, en mars, d'attester qu'ils n'avaient reçu aucune contrepartie en échange d'un don, enregistré en 2008.

Audrey Garon, porte-parole du DGE, a affirmé mercredi que des vérifications sont nécessaires parce que ces 20 personnes n'ont pas répondu à l'appel du DGE, qui leur demandait de faire une déclaration écrite sur le sujet.

L'issue de cette procédure permettra de déterminer s'il y a des raisons d'enquêter pour savoir si des dispositions relatives au financement ont été enfreintes, a indiqué Mme Garon.

«Ces 20 cas sont transférés à notre direction des affaires juridiques pour vérification et éventuellement enquête», a-t-elle dit.

Quant aux autres personnes qui ont répondu, elles ont toutes attesté que ces contributions, certaines atteignant le montant maximal de 3000 $, avaient été faites à partir de leurs biens, a déclaré Mme Garon.

«Elles ont toutes attesté que leur don avait été fait sans contrepartie», a-t-elle dit.

En vertu de la loi électorale, il est interdit depuis une trentaine d'années aux entreprises de contribuer aux partis politiques. Seuls les électeurs peuvent le faire et le montant maximal est fixé à 3000 $ annuellement.

En mars, le DGE s'était saisi du dossier à la demande de Québec solidaire qui avait effectué des recoupements indiquant que le PLQ aurait reçu près de 300 000 $ de contributions politiques de la part d'employés de cabinets d'ingénieurs qui obtiennent d'importants contrats du gouvernement.

Le député de Québec solidaire, Amir Khadir, avait alors affirmé que ces informations soulevaient la question de l'existence d'un système qui permettrait à des entreprises d'obtenir plus facilement des contrats publics en retour de contributions à la caisse libérale.

M. Khadir a affirmé mercredi que les récents développements dans ce dossier continuent de soulever des questions, notamment en ce qui a trait aux personnes qui ont confirmé avoir contribué sans recevoir de remboursement.

«Ça veut dire que des techniciens, des secrétaires ont payé entre 1500 $ et 3000 $ en une année pour appuyer le parti libéral, a-t-il dit. Et leur compagnie a obtenu plusieurs dizaines de millions de dollars de contrats sans concurrence.»

Selon M. Khadir, le DGE n'a pas le pouvoir de faire plus que confirmer, auprès de la personne, qu'elle a respecté les règles en versant sa contribution.

«Mais comment s'en assurer, a-t-il demandé. Quand on voit une centaine de personnes travaillant pour quatre firmes donner 300 000 $, il y a quand même des questions à se poser.»

Dans le contexte des nombreuses allégations de malversations dans l'octroi de contrats publics et de places en garderies, M. Khadir a estimé que seule une commission d'enquête pourra vider la question.

«Il faut une enquête publique pour aller au fond des choses», a-t-il dit.

En février, M. Khadir a révélé que des dirigeants et employés des firmes SNC-Lavalin, BPR, Axor et Cima+ ont fait des dons au PLQ.

M. Khadir a évoqué la possibilité que certains des employés aient servi de prête-noms afin que leurs entreprises puissent contourner la loi qui les empêche de contribuer aux partis.