Le premier ministre Jean Charest n'a pas ménagé ses efforts pour représenter le Québec à l'étranger au cours des dernières années, un choix qui a cependant son prix.

Selon les données obtenues par La Presse Canadienne auprès du ministère des Relations internationales, les multiples déplacements effectués par le premier ministre dans d'autres pays, entre juillet 2007 et février 2010, se sont soldés par des factures salées.

Durant cette période d'environ 31 mois, il s'est rendu 14 fois aux États-Unis, six fois en France, trois fois en Suisse, deux fois en Allemagne, deux fois en Belgique, et à une reprise au Royaume-Uni, en Russie, au Danemark, au Mexique, en Inde et en Chine. Une deuxième mission prévue en Chine a avorté quand le premier ministre a déclenché des élections générales en novembre 2008.

S'il est hasardeux d'évaluer les retombées de ces missions pour le Québec, il est plus facile d'en calculer le coût pour les contribuables.

Une mission de plusieurs jours en terre éloignée, comme en Inde, peut entraîner des frais de l'ordre de 200 000 $.

Une courte mission aux États-Unis, évidemment moins coûteuse, peut quand même signifier des coûts élevés, particulièrement en ce qui a trait au transport aérien.

Un exemple: le trajet en avion nolisé du premier ministre Charest, de Québec à Los Angeles, en octobre dernier, a coûté la rondelette somme de 67 863 $.

A ce montant, il faut ajouter les billets d'avion des trois conseillers (2650 $) et d'un fonctionnaire (1000 $) qui ne voyageaient pas avec lui, ce qui donne un total de 71 513 $, rien que pour le transport aérien.

M. Charest se rendait trois jours à Los Angeles pour participer à un grand colloque sur les changements climatiques, le Global Governor's Climate Summit.

Une autre mission du premier ministre qui a occasionné des frais corsés de transport aérien a eu lieu à Guanajuato, au Mexique, en juin 2008.

L'avion qui a transporté le premier ministre du Québec au Mexique a coûté alors 43 452 $.

En ajoutant à ce montant le coût du billet d'avion d'un conseiller (926 $) et de six fonctionnaires qui participaient à la mission (8750 $), on arrive à un total de 53 128 $, rien qu'en frais de transport aérien.

Avec les frais de repas et d'hébergement, soit près de 20 000 $, le coût de la mission mexicaine de cinq jours aura donc dépassé les 73 000 $.

Mais ce sont évidemment les missions lourdes dans des pays très éloignés, comme l'Inde et la Chine, qui entraînent les coûts les plus élevés.

La mission en Chine à laquelle M. Charest n'a finalement pas participé, parce qu'il a déclenché des élections générales, en novembre 2008, a quand même eu lieu et a donc entraîné des coûts.

Les coûts de la pré-mission ont atteint tout près de 80 000 $, dont 24 200 $ en chambres d'hôtel, pour acquitter les dépenses de neuf fonctionnaires.

Les coûts reliés à l'annulation de la participation du premier ministre et de son entourage ont été évalués à 9324 $.

Quelques mois plus tôt, du 4 au 10 août 2008, le premier ministre s'était cette fois rendu en Chine.

Les dépenses de M. Charest (transport et hébergement) ont atteint 11 131 $, celles de ses trois conseillers, 28 934 $, et celles des huit fonctionnaires qui ont préparé et effectué la mission, 80 666 $.

La volonté du Québec de diversifier ses marchés et conquérir les marchés émergents asiatiques a aussi conduit le premier ministre Charest en Inde en février 2010. Il y était allé une première fois en 2006.

Le gouvernement a mis le paquet pour assurer le succès de cette mission: 13 fonctionnaires, dont un sous-ministre adjoint, sont allés sur place pour la pré-mission et la mission. Note de frais totale: 109 554 $.

Ce montant inclut une note d'hôtel de 52 225 $.

A ce montant, il faut ajouter les coûts associés à la présence de deux employés du cabinet du ministre des Relations internationales: 26 100 $. Le montant comprend une note d'hôtel de 10 915 $.

Pour cette mission, les frais encourus par le premier ministre étaient par ailleurs de 9713 $. Il a cependant été impossible d'obtenir les notes de frais des cinq employés de son cabinet qui l'accompagnaient.

En décembre 2009, M. Charest s'est rendu en Russie, pour une mission économique, puis au Danemark, au sommet mondial sur les changements climatiques. A ce jour (toutes les factures ne sont pas encore comptabilisées), le voyage a coûté au bas mot 119 058 $.

A elles seules, les dépenses contractées par les fonctionnaires qui ont dû préparer le terrain et assurer le bon fonctionnement de la mission totalisent quelque 100 000 $.

Les dépenses du personnel du cabinet du premier ministre ne sont pas encore connues. Celles du premier ministre atteignent 10 203 $. A Copenhague, sa chambre d'hôtel coûtait 710 $ la nuit.