Le ministre de la Famille, Tony Tomassi, refuse de dire s'il a toujours suivi les recommandations de ses fonctionnaires lorsqu'il a «réaffecté» des places subventionnées à des garderies, dont certaines sont dirigées par deux de ses amis et des donateurs du Parti libéral.

La Presse a révélé mardi que, contrairement à ce qu'il a dit à des journalistes en mars, M. Tomassi a bel et bien accordé lui-même des places à 7$ depuis qu'il est ministre. Il a attribué 435 places à 34 services de garde. Ainsi, 23 CPE se sont partagé 224 places et 11 garderies privées ont obtenu un total de 211 places. Au moins 67 de ces places ont été attribuées à 6 garderies dont les administrateurs ou les actionnaires sont des amis de M. Tomassi ou des contributeurs à la caisse du PLQ.«J'ai réaffecté des places déjà données. Je n'ai jamais attribué de nouvelles places», s'est défendu Tony Tomassi mardi. Rappelons que le ministre a dit à deux reprises le 17 mars: «Moi, je n'ai accordé aucune place en service de garde.»

Tony Tomassi a martelé avoir uniquement fait des «réaffectations» de places. Comme La Presse l'a expliqué mardi, Québec a récupéré des places qui ne pouvaient être concrétisées comme prévu par des garderies publiques ou privées pour les redistribuer à d'autres. Ces places récupérées et redistribuées font partie des 18 000 places attribuées en 2008 à la suite d'un appel de projets lancé par celle qui a précédé M. Tomassi à la Famille, Michelle Courchesne.

Esquive

Pour une réaffectation de places, le Ministère fait une analyse et soumet une recommandation au ministre. Tony Tomassi a esquivé une question lui demandant s'il a toujours suivi les recommandations de ses fonctionnaires pour le choix des garderies. «Ce que je vous dis, c'est que nous avons réaffecté des places. Il y a une grille qui est mise en place. Les places doivent être réaffectées dans la même région. Et je pense que les gens vous ont donné l'explication», s'est-il contenté de répondre à La Presse.

Le Ministère ne peut dire si les recommandations ont été suivies, si les choix de M. Tomassi étaient ceux des fonctionnaires. C'est une information protégée par la loi, a expliqué un porte-parole, Étienne Gauthier.

La semaine dernière, Tony Tomassi a annoncé des modifications au processus d'attribution des places qui concernent aussi les «réaffectations». Environ 700 places qui ne peuvent être réalisées comme prévu seront redistribuées à d'autres garderies au terme d'un «appel de projets ciblé», peut-on lire dans son communiqué de presse. «Les projets seront ensuite soumis à un mécanisme de consultation des partenaires régionaux», ce qui n'était pas le cas avant. Le ministre Tomassi a promis de suivre les recommandations des comités régionaux pour des «réaffectations» comme pour l'attribution de nouvelles places.

Des tâches «normales»

Selon le premier ministre Jean Charest, M. Tomassi n'était pas obligé de dire qu'il avait réaffecté des places en garderie lorsqu'il a fait ses commentaires en mars, car ces réaffectations font partie des tâches «normales» du ministre. M. Charest ne voit aucune contradiction dans les propos de M. Tomassi. «Il faut faire attention. À un moment donné, est-ce que le ministre est obligé de dire qu'il fait son travail quotidien? (...) «, a affirmé M. Charest à Chicago, en marge d'une conférence du secteur des biotechnologies. Le premier ministre a nié une fois de plus tout favoritisme à l'égard de donateurs libéraux.

Selon lui, Tony Tomassi fait son travail «au mieux de ses possibilités, de ses talents et il le fait correctement et en vertu des règles». Lorsque le PQ a une fois de plus exigé sa démission à l'Assemblée nationale, M. Tomassi a rétorqué: «Je vais continuer à faire le mandat qui m'a été confié par le premier ministre et servir les parents du Québec.»