Les propos de Pauline Marois dans une motion visant simplement à commémorer le 40e anniversaire de la première élection de Robert Bourassa en avril 1970 ont suscité une tempête.

Rendant hommage au regretté premier ministre, Mme Marois a profité de l'occasion pour attaquer le premier ministre Jean Charest. À l'époque de M. Bourassa, «les fédéralistes faisaient encore leur travail», a-t-elle soutenu, rappelant que l'ex-premier ministre, découragé, avait conclu que «le Québec n'est pas compris du Canada anglais». Il avait, avec l'entente du lac Meech, obtenu un rétrécissement supplémentaire de l'effet de la reconnaissance du Québec comme société distincte, alors qu'il était déjà «passablement restreint», se plaignait M. Bourassa.

 

«Ces propos, Robert Bourassa les a tenus lorsque l'actuel premier ministre a proposé la dilution de l'accord du lac Meech», a souligné Mme Marois - Jean Charest avait été mandaté par Brian Mulroney, après l'échec de Meech, pour trouver une voie de passage plus acceptable au Canada anglais.

Mme Marois a aussi souligné que Robert Bourassa n'avait pas hésité, lui, à déclencher une commission d'enquête publique sur l'industrie de la construction.

Finalement, si le 29 avril 1970 mérite de passer à l'histoire, c'est qu'il aura permis l'élection de sept députés péquistes, les premiers, «une percée qui n'a aucun comparable dans l'histoire politique récente», a-t-elle dit.

Sur le parquet du salon Bleu hier, le leader parlementaire libéral, Jacques Dupuis, est monté au créneau pour rappeler qu'en de telles circonstances, les parlementaires ne devaient pas tenir des propos susceptibles de soulever des controverses.

Monique Gagnon-Tremblay monte au créneau

Mais peu de temps après, dans une déclaration écrite, c'est la présidente du Conseil du Trésor, Monique Gagnon-Tremblay, lieutenante de Jean Charest, qui est revenue à la charge, qualifiant d'indigne l'attitude de la chef péquiste.

«Pour avoir siégé pendant neuf ans aux côtés de Robert Bourassa, ancien chef du Parti libéral et ancien premier ministre du Québec, je veux faire état de ma plus profonde indignation» devant les propos de Mme Marois, dans une motion qui devait souligner les 40 ans de vie politique de M. Bourassa.

Mme Marois a, selon Mme Gagnon-Tremblay, démontré qu'elle est «totalement incapable de prendre ses distances de la partisanerie politique qui l'aveugle». La chef péquiste a ainsi «lamentablement échoué dans sa tentative de s'élever au-dessus de la mêlée et de reconnaître, à sa juste valeur, l'ancien premier ministre du Québec».

«Je ne me suis pas impliquée dans la vie publique pour faire le genre de politique pratiqué par Pauline Marois», a-t-elle ajouté.

L'Assemblée nationale exige un minimum de «décorum». «Pour y faire carrière, il importe d'y élever le débat et cela est possible sans pour autant changer sa personnalité», a lancé la présidente du Conseil du Trésor, convaincue que René Lévesque ou Jacques Parizeau se seraient «comportés de manière digne et respectueuse», l'heure venue de rendre hommage à M. Bourassa.