Jean Charest trouve «tout à fait normal» que la ministre de la Justice, Kathleen Weil, discute avec lui des candidats au poste de juge avant de soumettre sa recommandation au Conseil des ministres. L'indépendance du système judiciaire n'est pas remise en cause selon lui.

Pourquoi n'a-t-il jamais parlé de ce volet du processus de nomination des juges cette semaine? «C'est parce que c'est évident que le premier ministre du Québec, qui prépare la réunion du Conseil des ministres, a la responsabilité de s'assurer que ce travail-là est fait», a-t-il répondu aux journalistes au cours d'un bref point de presse, hier, à Saint-Hyacinthe. Il est très rare que M. Charest tienne à s'adresser aux médias avant le début d'un conseil général de son parti.

Que la ministre le consulte, «c'est tout à faire normal», «ça va de soi», a-t-il souligné. «Ça n'enlève rien au fait que la démarche est tout à fait étanche, que c'est toujours les candidats qui sont qualifiés en termes de compétence qui sont considérés.»

«Comment ça peut être le politique qui se mêle du judiciaire alors qu'on est élu exactement pour ces raisons-là, c'est à-dire assumer ces responsabilités-là. Une fois qu'une personne est nommée au tribunal, elle est au tribunal. Elle est indépendante, elle fait son travail», a-t-il ajouté.

Il a assuré que l'identité des aspirants juges, «ça ne va pas ailleurs», par exemple aux oreilles des collecteurs de fonds du PLQ.

Jean Charest a rappelé que l'ancien juge de la Cour suprême Michel Bastarache, président de la commission d'enquête sur la nomination des juges qu'il a lancée cette semaine, «pourra se pencher là-dessus, voir de quelle façon les choses se passent».

Cette procédure «tout à fait normale», allant «de soi», est pourtant inconnue parmi des membres de l'équipe ministérielle. Même la vice-première ministre Nathalie Normandeau a dit qu'elle ignorait que M. Charest est ainsi consulté par Mme Weil.

«Il ne faut pas se scandaliser que la ministre de la Justice juge important, dans certaines circonstances, d'aller voir son premier ministre. Le premier ministre, c'est quand même le chef du gouvernement», a-t-elle lancé. «Ce n'est pas parce que la ministre de la Justice consulte que le processus de nomination des juges est remis en question. Le processus de nomination des juges est un processus rigoureux impartial et objectif.»

De son côté, le député Yvon Marcoux, qui a été ministre de la Justice de février 2005 à avril 2007, a refusé de dire s'il consultait le premier ministre avant d'arrêter son choix. Il n'avait pourtant pas hésité plus tôt cette semaine à rappeler aux médias le processus de nomination des juges. Il avait alors dit ne pas avoir fait l'objet de pression pour choisir un candidat ou un autre, mais n'avait pas parlé d'une consultation auprès de M. Charest.

«Il y a maintenant une commission d'enquête. Si je suis invité à y participer, je le ferai. À ce moment-là, je répondrai à toutes les questions», a-t-il affirmé.