Le Parti québécois juge que le gouvernement fait preuve d'incohérence en abolissant des classes de francisation au moment où la situation du français est préoccupante à Montréal.

La porte-parole péquiste en matière d'immigration, Louise Beaudoin, a déploré, vendredi, les récentes compressions qui ont entraîné la fermeture de 30 classes de français ouvertes aux nouveaux arrivants.

«Tous les chiffres concordent pour dire que Montréal s'anglicise et la réaction du ministère c'est de couper des cours de francisation, c'est complètement aberrant, a-t-elle dit. On se demande à quoi ils pensent.»

Mme Beaudoin a affirmé que cette réduction pénalisera les immigrants qui souhaitent apprendre le français pour s'intégrer au marché du travail.

«La meilleure façon d'intégrer des nouveaux arrivants c'est par l'emploi, tout le monde sait ça, a-t-elle poursuivi. L'emploi devrait passer par la francisation, sinon les milieux de travail vont s'angliciser encore davantage.»

La députée péquiste de Rosemont a soutenu que les libéraux font preuve d'incohérence puisque l'an dernier, ils avaient reconnu l'importance de ce service en bonifiant son budget de 10 millions $ pour le faire passer à 72 millions $.

Selon Mme Beaudoin, le ministère de l'Immigration aurait dû trouver d'autres postes budgétaires où retrancher la somme de 5 millions $ ainsi récupérée par l'abolition des 30 classes.

«Avec le dernier budget, je pensais qu'ils feraient des compressions dans le secteur administratif mais pas dans un service aussi essentiel, a-t-elle dit. Que la première chose à laquelle le ministère pense soit d'abolir les cours de français me semble difficilement justifiable.»

Le chef adéquiste Gérard Deltell a jugé lui aussi que les libéraux pénalisent les immigrants en réduisant la capacité des cours de francisation.

M. Deltell croit qu'avec cette compression budgétaire, le gouvernement de Jean Charest manque à ses engagements, dans un contexte où il sollicite de plus en plus les immigrants pour qu'ils viennent s'établir au Québec.

«Un des principaux obstacles auquel les immigrants sont confrontés, c'est la francisation, a-t-il fait valoir. Quand on n'offre pas les outils nécessaires pour accueillir les gens comme il se doit, on dit une chose et on fait son contraire.»

Le bureau de la ministre de l'Immigration Yolande James a indiqué vendredi que la quatrième session des cours de francisation, durant laquelle le français écrit est enseigné, ne serait plus disponible à temps plein, ce qui entraîne la disparition de 30 classes.

Les étudiants auront la possibilité de suivre ces cours à temps partiel le soir ou par correspondance, ce qui les privera d'une indemnité de 115 $ par semaine à laquelle ils avaient droit.

Le Québec doit recevoir cette année 55 000 immigrants.

Petites entreprises

Par ailleurs, le ministre responsable de la Charte de la langue française, Christine St-Pierre, a affirmé que le plan visant à améliorer la francisation, dans les petites entreprises montréalaises, ne subira pas l'impact du resserrement de la croissance des dépenses publiques annoncées dans le dernier budget.

«C'était déjà dans nos budgets alors on est tout à fait corrects là-dessus», a-t-elle dit lors d'un point de presse à Montréal.

Peu après avoir participé à un bilan de cette stratégie qui s'étend sur cinq ans, jusqu'en 2013, Mme St-Pierre s'est montrée convaincue que les mesures du gouvernement progressent dans la bonne voie.

«On était très satisfaits ce matin (vendredi) de voir la progression des travaux», a-t-elle dit.

L'une des mesures en cours est la mise en place d'un guichet unique en francisation pour les petites entreprises.