Le gouvernement Charest a choisi lundi soir de lâcher du lest pour apaiser les syndicats du secteur public et redonner un nouveau souffle aux négociations dans le secteur public.

Au terme d'une rencontre de plus de 90 minutes à Québec, les parties ont convenu d'intensifier les pourparlers dans l'espoir de parvenir à un règlement négocié «dans les premiers jours d'avril».

«Nous sommes prêts à travailler jour et nuit s'il le faut pour arriver à une entente», a lancé la présidente du Conseil du trésor, Monique Gagnon-Tremblay au terme de sa rencontre avec les chefs syndicaux représentant 475 000 employés des secteurs public et parapublic.

Pour remettre le processus de négociation sur les rails, le gouvernement a notamment jugé de bon d'abandonner «certains irritants» qui avaient fait monter les infirmières aux barricades ces derniers jours.

«Il y avait certaines incompréhensions par rapport aux sommes que le gouvernement voulait réallouer pour des problématiques sectorielles. On s'est expliqué, on s'est compris et je pense qu'on va pouvoir faire avancer les travaux», a dit Mme Gagnon-Tremblay, en point de presse à l'issue de la rencontre, flanquée des ministres de la Santé, Yves Bolduc et Michelle Courchesne de l'Education.

Au nom du Front commun, le président de la FTQ, Michel Arsenault, a pour sa part expliqué que le gouvernement avait renoncé à ses demandes de compressions sur les congés maladie, le temps supplémentaire, les horaires et l'assurance salaire.

«Ils ont décidé de retiré leur récupération et de notre côté, on va cibler nos demandes», a dit M. Arsenault, aux côtés de sa collègue de la CSN, Claudette Carbonneau.

«Ce qui nous encourage, c'est que l'on sent une volonté de négocier de la part du gouvernement afin d'avoir un règlement négocié dans les premiers jours d'avril.

ECa, c'est fort important pour nous», a poursuivi M. Arsenault.

La présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, Régine Laurent, n'était pas présente au point de presse mais selon le président de la FTQ, la représentante des infirmières est tout à fait disposée à poursuivre les négociations.

Si l'harmonie semble revenue entre le gouvernement et les syndicats aux tables sectorielles, il restera néanmoins à régler l'épineuse question des salaires.

A quelques heures de l'échéance du décret des conditions de travail des employés de l'Etat, les parties sont encore à des années lumière d'une entente négociée.

Pendant que le gouvernement Charest faisait état «d'une offre raisonnable et responsable» dans une publicité pleine page parue lundi dans les journaux, les représentants du Front commun qualifiaient le dépôt patronal de «méprisant», «odieux» et «épouvantable».

Selon le gouvernement Charest, les demandes déposées par le Front commun, le 30 octobre dernier, coûteraient plus de 8 milliards de dollars sur trois ans aux contribuables déjà accablés par les taxes et les impôts.

De son côté, la CSQ rétorque que les offres patronales représenteraient un appauvrissement des employés de l'État de plus de 8 pour cent.

Avec une offre de 2,3 milliards $ sur cinq ans, le gouvernement du Québec fait une proposition raisonnable qui respecte la «capacité de payer des Québécois», estime la présidente du Conseil du trésor.

La proposition patronale - qui inclut salaires et avantages sociaux - est de 5 pour cent. L'offre pourrait être bonifiée de 0,75 pour cent pour chacune des deux dernières années dépendant de la vigueur de l'économie.

Quant à eux, les syndicats exigent une augmentation de salaire de 11,25 pour cent sur trois ans. La demande comporte une part de rattrapage par rapport aux employés du gouvernement fédéral et du secteur privé.