Ancien patron de la police de Montréal, Jacques Duchesneau a obtenu un contrat de plus d'un demi-million de dollars en trois ans pour mettre en place une brigade anticollusion au ministère des Transports.

Selon les documents que La Presse a obtenus grâce à la Loi sur l'accès à l'information, l'entreprise de M. Duchesneau obtiendra 204 000 $ par année en chèques mensuels de 17 000 $. La durée du contrat initial est de deux ans, renouvelable pour une année supplémentaire.

Transports Québec lui accorde en outre une somme forfaitaire de 25 000 $, en plus de payer toutes les dépenses et déplacements faits pour son travail - une disposition habituelle pour tous les cadres du gouvernement.

«Vous allez en avoir pour votre argent», a lancé hier M. Duchesneau, retraité du SPVM qui, après sa tentative ratée d'accession à la mairie de Montréal, a travaillé pour un organisme fédéral voué à la sécurité des transports aériens. «Pas de commentaires», a-t-il répondu quand on lui a demandé si le contrat n'est pas un peu généreux - M. Duchesneau gagne plus qu'un ministre. Seuls les dirigeants des sociétés d'État commerciales sont mieux payés.

Jolyane Pronovost, porte-parole de la ministre des Transports, soutient que Québec a décidé de payer à M. Duchesneau le salaire «d'un sous-ministre adjoint senior», avec tous les avantages. En fait, un sous-ministre adjoint à Québec gagne plutôt autour de 165 000 $.

Lors de l'annonce précipitée de son embauche, à la fin du mois de février, M. Duchesneau a soutenu qu'il avait accepté le mandat que lui avait offert Québec sans même discuter des conditions salariales. «Il n'y aura pas de scandale là», avait-il lancé au cours d'une entrevue.

Même si son bureau est encore embryonnaire, il sait qu'il ne manquera pas de travail. «Je n'ai jamais eu autant d'informations qu'actuellement. Même à la police de Montréal... il ne se passe pas une journée où il n'y a pas quelqu'un qui a une histoire à me raconter», a lancé l'ancien policier.

Il se dit certain d'avoir rapidement les moyens nécessaires pour faire enquête. «Le mot échec ne fait pas partie de mon vocabulaire... mais donnez-nous le temps de démarrer», a-t-il dit.

Au ministère des Transports, on indique qu'une dizaine d'enquêteurs seront embauchés sous peu ; les entrevues ont déjà été réalisées.

Pour obtenir les services de M. Duchesneau, le ministère des Transports a en fait signé un contrat avec la société à numéro qu'il avait constituée un mois plus tôt. Il a reçu son immatriculation le jour même où il a signé son contrat avec Québec. «Quand on a plusieurs revenus dans une année, c'est préférable», explique-t-il.

Il était professeur associé à l'École nationale d'administration publique. «C'est un poste honorifique mais qui nous fait enseigner... j'ai eu des mandats pour la police d'Haïti ou du Cameroun.»

Il se refuse à préciser combien d'employés compte actuellement son bureau, chargé de trouver des gestes répréhensibles dans l'attribution des contrats routiers de plus de 25 000 $. Au moment de la nomination de M. Duchesneau, le vérificateur général du Québec, Renaud Lachance, avait relevé que la collusion - l'entente préalable entre des firmes normalement concurrentes - était un problème important pour les contrats de Transports Québec.

- Avec la collaboration de William Leclerc